Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/487

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faire l’objet de la discussion qui va s’ouvrir. Sans cette précaution, en effet, cette discussion risquerait de s’égarer dans des généralités vagues et dans des dissertations métaphysiques sans applications pratiques, et il importe beaucoup de bien préciser, dès le début, le terrain sur lequel elle doit s’exercer et les limites dans lesquelles il convient de la renfermer.

Je diviserai donc ce discours en quatre parties :

1oPartie psychologique ;

2oPartie pathologique ou clinique ;

3oPartie administrative ou législative ;

4oPartie médico-légale.

Ce sont là, selon moi, les quatre aspects principaux sous lesquels il est nécessaire d’examiner la question.

I.Partie psychologique.

Dans une Société mixte comme la nôtre, à la fois philosophique et médicale, il est impossible de passer sous silence le côté plus spécialement psychologique de la question de la manie sans délire. C’est, selon nous, le moins important pour la solution des problèmes pratiques que nous avons surtout en vue, et j’y insisterai moins longuement que sur le côté pathologique ou clinique ; mais je ne puis m’abstenir de le signaler à l’attention de la Société. La discussion psychologique à l’occasion de la folie raisonnante me paraît devoir porter sur deux points principaux : le premier, c’est celui de l’isolement possible des facultés humaines ou de leur étroite solidarité d’action, à l’état normal et à l’état maladif ; le second est celui des limites théoriques à établir entre la raison et la folie.

Nous dirons quelques mots de chacun de ces points en discussion.

I.Isolement possible ou solidarité d’action des facultés humaines,
à l’état normal et à l’état maladif
.

Et d’abord, les facultés sentimentales et affectives peuvent-elles être lésées séparément par la maladie, sans trouble concomitant des facultés intellectuelles, ou bien, au contraire, existe-t-il, dans tous