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terminant, la conséquence principale qui nous apparaît, dès à présent, au point de vue de l’application de la pathologie à la physiologie.

Le phénomène du langage est un fait très complexe, composé de plusieurs éléments complètement solidaires à l’état normal, dont l’action est presque simultanée, et que l’analyse la plus minutieuse et la plus attentive parvient à grand’peine à décomposer en plusieurs temps distincts et séparés. La maladie, en fragmentant et en dissociant, dans des combinaisons très diverses, les éléments qui constituent ce phénomène complexe de la parole, permettra d’en étudier plus facilement chacun des temps et chacun des modes d’action principaux. L’état pathologique fournit ainsi au physiologiste des expériences toutes faites, des fragmentations naturelles de phénomènes qui, mieux que toutes les expériences qu’il pourrait instituer artificiellement, lui permettent d’étudier pas à pas les divers détails d’un mécanisme aussi compliqué. Ainsi, les recherches pathologiques de Gerdy, Gendrin, Beau, Briquet, Duchenne (de Boulogne), Landry, etc., sur les divers modes d’altération de la sensibilité dans l’hystérie et dans d’autres formes de maladies nerveuses, leur ont permis de perfectionner l’étude physiologique des fonctions sensitives du corps humain, en découvrant des états nerveux, dans lesquels ces fonctions sensitives étaient altérées sous mille formes diverses, correspondant aux différents temps du phénomène de la sensation normale. De même, les études si ingénieuses et si persévérantes de Duchenne (de Boulogne) sur les lésions isolées du système musculaire, ou sur certaines maladies générales, telles que les paralysies spinales, l’atrophie musculaire progressive et l’ataxie locomotrice, ont contribué à l’avancement de la physiologie sous le rapport des diverses modifications de la motilité et des fonctions motrices. Eh bien, les mêmes progrès accomplis dans la physiologie, au point de vue des fonctions motrices ou sensitives, en s’appuyant sur des expériences créées de toutes pièces par la maladie, pourront être réalisés pour la physiologie de la parole par la connaissance plus exacte des altérations du langage articulé.

L’étude à laquelle nous venons de nous livrer nous conduit déjà sous ce rapport à un premier résultat qui nous paraît intéressant à signaler. Tout mouvement volontaire du corps humain suppose trois