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Enfin, la connaissance scientifique de ces faits pourra faire découvrir la simulation, dans certains cas de médecine légale où un individu chercherait à altérer son écriture ou son langage, dans le but de se faire passer pour aliéné, de même qu’elle permettra, dans d’autres circonstances, de reconnaître l’existence d’une maladie vraie dans des cas où, par suite de l’ignorance de ces faits bizarres et exceptionnels, on pourrait croire faussement à une simulation de la part d’un accusé.

La conséquence la plus immédiate que l’on a voulu tirer de la découverte des lésions spéciales de la mémoire des mots et de la parole, mises en rapport avec l’altération d’une portion très restreinte des circonvolutions cérébrales, a été la confirmation de la doctrine psychologique des localisations de facultés, c’est-à-dire de la doctrine phrénologique. Nous ne pouvons aborder ici, en passant, une question aussi importante. Nous ferons seulement remarquer que, fût-on arrivé à démontrer avec certitude cette localisation de la faculté du langage articulé dans un point déterminé des lobes antérieurs du cerveau, que cette démonstration spéciale ne suffirait pas encore pour trancher la question générale du siège distinct de toutes les autres facultés de l’esprit humain. D’ailleurs, la doctrine phrénologique avait placé le siège de la faculté du langage dans un point très différent de ces lobes antérieurs ; enfin, comme l’a dit avec beaucoup de justesse Broca, « ces faits, parfaitement compatibles avec l’hypothèse des localisations par circonvolutions, paraissent très difficiles à concilier avec le principe des localisations par districts, ou, si l’on veut, par compartiments correspondant à des points invariables de la boîte crânienne ».

La doctrine phrénologique des localisations cérébrales ne nous paraît donc avoir reçu aucun appui nouveau de l’étude des faits qui nous occupent. Ce n’est pas au point de vue du siège organique des facultés psychiques que ces faits nous semblent devoir rendre de véritables services à la psychologie et à la physiologie de la parole. Les profits que la physiologie pourra tirer un jour de la connaissance des faits dont nous parlons mériteraient une étude spéciale que nous n’avons pas la prétention d’entreprendre ici ; elle n’est du reste pas possible encore dans l’état d’imperfection de la science à cet égard. Nous ne pouvons cependant nous empêcher d’indiquer, en