Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/477

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ou du jour au lendemain, tandis que chez d’autres individus, au contraire, ils persistent absolument au même degré pendant très longtemps, même pendant plusieurs années.

Mais là ne se borne pas la diversité des faits que nous avons à signaler sous le rapport des troubles du langage et de la mémoire des mots dans les affections cérébrales. Indépendamment de toutes ces variétés, envisagées au point de vue de la nature de ce trouble lui-même, il en est d’autres qui proviennent de la coïncidence de ces phénomènes spéciaux avec d’autres symptômes cérébraux, dans l’ordre de l’intelligence, de la motilité ou de la sensibilité.

Dans tous les cas où les perversions spéciales du langage existent isolément, sans aucune autre altération des fonctions cérébrales, on pourrait encore admettre, malgré leur grande diversité, qu’elles pussent constituer une maladie distincte, liée à une lésion anatomique ayant un siège déterminé, et on pourrait alors leur donner le nom spécial d’aphasie ou d’aphémie ; mais, comme nous le disions précédemment, à propos des faits relatés par Trousseau, il est des cas, assez fréquents, dans lesquels ce symptôme de l’aphasie (perte ou perversion de la parole) se trouve réuni à d’autres troubles de la sensibilité, de la motilité ou de l’intelligence, de façon à former un tableau complexe de maladie cérébrale. Dans ces cas, par exemple, on observe de l’hémiplégie, des contractures, ou même des convulsions épileptiformes ; dans d’autres circonstances, on constate un trouble plus étendu de l’intelligence, en même temps que la lésion de la mémoire des mots ; enfin, dans d’autres cas analogues, il existe également de l’anesthésie, de l’hyperesthésie ou certaines paralysies partielles, jointes à l’altération spéciale de la mémoire et du langage.

Ces faits cliniques complexes, que l’on est bien obligé d’accepter tels qu’ils sont et que le praticien ne peut songer à scinder artificiellement, compliquent singulièrement le problème de l’aphasie considérée comme maladie spéciale, surtout lorsqu’on veut, comme Broca l’a fait avec beaucoup de bonheur et d’habileté, arriver à mettre chacun des symptômes cérébraux observés pendant la vie en rapport avec les lésions de diverses parties du cerveau constatées à l’autopsie.

Enfin, il est un dernier élément qui vient encore aujourd’hui rendre plus difficile l’étude et la détermination de cette maladie nou-