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ment déterminé du lobe antérieur gauche du cerveau, ce qui n’avait été indiqué par aucun des auteurs qui l’ont précédé.

Le travail de Broca a provoqué de nouvelles études sur ce sujet intéressant, et presque tous les faits accompagnés d’autopsie, qui ont été publiés, sont venus confirmer l’exactitude de ses observations. Non seulement, en effet, dans une quinzaine d’observations environ, recueillies par des auteurs différents, on a constaté la lésion de la deuxième ou de la troisième circonvolution frontale chez des individus qui avaient offert la perte plus ou moins complète de la parole pendant leur vie ; mais, chose remarquable, dans tous les cas qui ont paru jusqu’à ce jour et suivis d’autopsie, la lésion de cette portion limitée du lobe antérieur du cerveau a été trouvée, comme l’avait indiqué Broca, dans l’hémisphère gauche, et non dans l’hémisphère droit.

On n’a pu opposer jusqu’à présent à cette doctrine qu’un seul fait bien constaté, et ce cas même est douteux, puisque l’autopsie n’a pas été faite. Il s’agit d’un malade observé à la clinique de Trousseau, chez lequel l’altération spéciale du langage, désignée sous le nom d’aphasie, coïncidait avec une hémiplégie du côté gauche du corps, dénotant par conséquent une lésion du côté droit du cerveau ; mais, dans ce cas, Broca peut objecter, avec raison, qu’il n’y a pas eu d’autopsie, et qu’il pouvait exister dans le cerveau de cet homme une lésion de l’hémisphère gauche déterminant la perte de la parole, en même temps qu’une lésion de l’hémisphère droit donnant lieu à l’hémiplégie du côté gauche du corps.

Quant à l’existence constante d’une lésion des deuxième et troisième circonvolutions frontales dans tous les cas de perversion de la parole et de la mémoire des mots, Charcot et Vulpian, entre autres, ont observé quelques faits négatifs qui doivent engager à suspendre encore son jugement, avant d’admettre comme démontrée la relation, d’ailleurs probable, découverte par Broca, entre la lésion de ces portions du cerveau et certaines perturbations du langage articulé.

Après avoir résumé les idées et les faits publiés par Broca, nous arrivons maintenant aux faits cités par Trousseau. Ces faits sont très variés ; ils diffèrent beaucoup les uns des autres, et ils diffèrent également, sous plusieurs rapports importants, de ceux de