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naires sont trop disposés à abandonner aux spécialistes, mérite d’autant plus d’attirer leur attention, que, si la médecine peut quelque chose pour arrêter la marche des affections cérébrales, même les plus rebelles, c’est surtout au début et dans les premières périodes qu’elle peut intervenir avec efficacité. D’un autre côté, ces maladies sont si variées dans leur nature, si mobiles dans leurs manifestations, se ressemblent tellement en apparence, malgré leurs différences fondamentales, qu’une étude attentive de leur symptomatologie peut seule éclairer le praticien sur le jugement à porter et sur la conduite à tenir à leur égard.

En présence de ces obscurités et de ces difficultés de la pathologie cérébrale, il nous a donc paru intéressant de condenser les principaux symptômes que nous offrent ces maladies, soit dans leurs débuts, soit dans les périodes où leurs caractères sont moins nettement accusés. Un ouvrage très curieux, publié sur ce sujet délicat, par le Dr Forbes Winslow[1] va nous en fournir une occasion d’autant plus naturelle, que ce livre, fait avec beaucoup de clarté et de méthode, joint à une grande originalité d’aperçus un excellent résumé des faits les plus variés dispersés dans les divers recueils.

Le Dr Winslow intitule son livre : des Maladies obscures du cerveau et des désordres de l’esprit. Ce double titre le conduit à étudier d’abord, avec beaucoup de soin, les symptômes de l’incubation de la folie, ainsi que certaines formes masquées ou latentes des maladies mentales, qui méritent de fixer l’attention du praticien ou du médecin légiste. La première moitié de son ouvrage est consacrée à cette partie de son sujet. Nous ne le suivrons pas sur ce terrain.

Nous n’avons en effet pour but que l’examen des maladies cérébrales autres que la folie. Nous chercherons donc à séparer nettement les troubles intellectuels propres à ces affections de ceux qu’on n’observe que dans l’aliénation mentale. La distinction entre ces deux classes d’affections du cerveau peut paraître arbitraire ; dans beaucoup de circonstances, en effet, il n’existe pas entre elles de ligne de démarcation tranchée ; mais l’usage a prévalu dans la

  1. Forbes Winslow, On obscure diseases of the Brain and disorders of the mind ; London, 1860.