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son service et put manifester sa pensée par quelques phrases. L’intelligence se réveilla ainsi de plus en plus, et, pour aider au travail de sa mémoire, elle demanda un gros cahier sur lequel, pendant près de six semaines, elle se mit à recueillir, avec une merveilleuse constance, non seulement les mots qu’elle entendait prononcer, mais encore tous ceux que sa mémoire évoquait. Elle recomposa ainsi successivement son intelligence et sa mémoire.

SECONDE PARTIE

Conséquences à tirer de ces faits pour la physiologie
et la pathologie du cerveau
.

Les faits nombreux de troubles du langage et de la mémoire des mots que nous avons rapportés nous permettent maintenant d’aborder l’examen de la question soulevée par les travaux dont nous venons de rendre compte.

Ces perversions si variées du langage et de la mémoire des mots doivent-elles constituer une maladie nouvelle, sous les noms d’aphémie, d’alalie ou d’aphasie, ou bien doivent-elles au contraire être considérées comme des symptômes d’affections cérébrales diverses et être rattachées à des catégories différentes ? Telle est la question principale que nous nous proposons d’examiner.

En parcourant les ouvrages publiés depuis l’antiquité jusqu’à nos jours sur les maladies nerveuses, ainsi que les recueils de médecine si nombreux qui existent en France, en Angleterre et en Allemagne, surtout depuis le commencement de ce siècle, il est facile de découvrir un grand nombre d’observations isolées, recueillies avec plus ou moins d’étendue, qui se rapportent évidemment au sujet qui nous occupe. Leur réunion en un seul volume contribuerait même puissamment à la solution de la question délicate que nous venons de poser ; elle serait d’un grand intérêt pour la science, malgré le caractère très incomplet de la plupart de ces observations et malgré l’absence de détails anatomiques résultant de l’autopsie, qui seuls cependant permettraient d’y puiser des documents utiles et complets. Mais ces observations, dispersées dans des ouvrages et dans des recueils tout à fait différents, paraissent avoir été considérées par