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role, ni par l’écriture, ni par la mimique, et pourtant il joue d’une manière suivie à des jeux compliqués ; il nous a donné depuis lors une nouvelle preuve d’intelligence en faisant signe à son enfant qu’on lui avait apporté et qui avait gardé sa casquette sur sa tête, de la retirer devant nous.

Observation LIX. — Trousseau fut appelé, dans le courant du mois de mai 1861, pour voir, dans le département des Landes, un riche propriétaire, âgé de cinquante-huit ans, ayant reçu une excellente éducation, et qui était atteint d’aphasie. Parmi ses ascendants, quatre personnes avaient succombé à des accidents cérébraux. Lui-même avait été sujet toute sa vie à des migraines très violentes, qui survenaient deux ou trois fois par mois, et qui duraient de dix à quinze heures. En 1852, après une de ces migraines, il eut un trouble notable de la vue, qui disparut seulement au bout de six semaines. En 1855, étant un jour après dîner, appuyé sur le chambranle d’une cheminée, il ressentit un vertige, faillit tomber, parvint à se retenir ; mais à la suite de ce court accident, il conserva un léger affaiblissement du côté droit. Trois ans plus tard, il éprouva un accident du même genre dans le côté droit, qui dura pendant trois ou quatre mois, plus longtemps que le premier. On l’envoya aux eaux de Dax, d’Ems et de Bourbonne-les-Bains. Sa santé se rétablit complètement, à l’exception de quelques attaques de goutte. En février 1860, après son dîner, en se levant pour recevoir le curé de l’endroit, il fut pris tout à coup d’une défaillance, et s’affaissa entre les bras du prêtre, qui s’était élancé pour le recevoir. Cette fois, il arriva jusqu’à la stupeur apoplectique la plus complète, dans laquelle il resta plongé pendant plusieurs jours. Il y avait une paralysie complète du côté droit. Au bout de quelques jours, la stupeur se dissipa. L’œil redevint intelligent, mais le malade ne répondit plus aux questions qu’on lui adressait que par le mot oui. Au bout de deux mois, la jambe avait repris quelque force ; le bras droit réussissait à faire quelques mouvements, et le malade put s’établir sur un fauteuil. C’est à cette époque que Trousseau fut appelé à le visiter. Le malade vint au devant de lui et le reçut d’une manière gracieuse.

Après les salutations d’usage, Trousseau demanda à ce monsieur