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a cherché à la démontrer par la physiologie, la pathologie et l’anatomie microscopique, et y a ajouté la pensée que les lésions des corps olivaires étaient la cause organique des troubles de la parole dans les affections cérébrales.

Nous ne pouvons énumérer ici toutes les tentatives plus ou moins heureuses faites en France, ou à l’étranger, pour localiser dans différents points de l’encéphale les fonctions auxquelles préside cet organe, et pour expliquer par l’altération de ces parties les symptômes rapportés à chacune d’elles. L’école physiologique allemande surtout a fait de nombreuses recherches anatomiques, physiologiques et microscopiques, dans le but d’éclairer ces points si obscurs de la pathologie cérébrale. Nous n’avons nullement l’intention de la suivre sur ce terrain. Mais ce n’est pas seulement dans la détermination précise des fonctions et des lésions de l’encéphale que la pathologie du cerveau présente de nombreuses lacunes ; l’existence elle-même des lésions cérébrales dans tous les cas où l’on observe des troubles des fonctions motrices, sensitives ou intellectuelles, ne peut être scientifiquement établie. Non seulement, dans un grand nombre de maladies mentales, on ne constate que des lésions peu importantes du cerveau, insuffisantes pour rendre compte du trouble si intense et si prolongé des facultés intellectuelles ; mais l’épilepsie, l’hystérie, et d’autres névroses cérébrales, existent souvent sans altération appréciable du système nerveux. Enfin, malgré les progrès de l’anatomie du cerveau et les secours que lui ont apportés les recherches microscopiques et chimiques, on constate encore assez fréquemment, pendant la vie, les troubles les plus manifestes et les plus étendus des fonctions cérébrales, sans pouvoir découvrir à l’autopsie aucune lésion qui rende compte d’une manière satisfaisante des symptômes observés.

La pathologie cérébrale est féconde en déceptions et en contradictions de plus d’un genre. On peut poser en principe que les lésions les plus légères des membranes ou de la surface du cerveau sont accompagnées des troubles les plus marqués des fonctions intellectuelles, motrices et sensitives, tandis que les lésions les plus considérables peuvent exister pendant de longues années dans l’encéphale, sans déterminer de perturbations notables des fonc-