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avait conservé, dans une certaine mesure, la mémoire des choses anciennes. Il pouvait même comprendre des idées assez compliquées ; ainsi, je lui demandai dans quel ordre ses paralysies s’étaient succédé ; il fit d’abord avec l’index de la main gauche un petit geste horizontal qui voulait dire : compris ! puis il me montra successivement sa langue, son bras droit et sa jambe droite. Cela était parfaitement exact, à cela près qu’il attribuait la perte de parole à la paralysie de la langue, ce qui était bien naturel.

Pourtant, diverses questions auxquelles un homme d’une intelligence ordinaire aurait trouvé le moyen de répondre par le geste, même avec une seule main, sont restées sans réponse. D’autres fois, on n’a pu saisir le sens de certaines réponses, ce qui paraissait impatienter beaucoup le malade ; d’autres fois, enfin, la réponse était claire, mais fausse ; ainsi, quoiqu’il n’eût pas d’enfants, il prétendait en avoir. Il n’est donc pas douteux que l’intelligence de cet homme avait subi une atteinte profonde, soit sous l’influence de son affection cérébrale, soit sous l’influence de la fièvre qui le dévorait ; mais il était évidemment bien plus intelligent qu’il ne faut l’être pour parler.

Il résultait des renseignements obtenus et de l’état présent du malade qu’il devait exister une lésion cérébrale progressive qui, d’abord circonscrite au lobe antérieur gauche, avait dû s’étendre progressivement au corps strié du même côté et cette lésion paraissait être un ramollissement chronique à marche très lente. Le malade mourut le 17 avril.

Autopsie. L’auteur de l’observation entre dans de nombreux détails relativement à cette autopsie. Nous ne pouvons les reproduire ici et nous devons nous borner à les résumer.

Le crâne, ouvert avec soin, présente les sutures soudées et l’épaisseur des os un peu accrue. La face externe de la dure-mère est rouge et très vasculaire. Cette membrane est très épaisse et tapissée intérieurement d’une couche pseudo-membraneuse infiltrée de sérosité et d’apparence lardacée. La dure-mère et la fausse membrane réunies ont une épaisseur moyenne de 5 millimètres, d’où il résulte que l’encéphale a dû perdre une notable partie de son volume primitif.

La pie-mère est très injectée en certains points, épaissie partout