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catégories, destinées à en faciliter l’étude, il nous resterait maintenant à tirer du simple rapprochement de ces faits quelques conséquences utiles pour la pathologie des affections cérébrales et pour la physiologie du cerveau. Mais, avant de nous livrer à ce travail de comparaison entre les divers faits précédemment rapportés, pour saisir leurs analogies et leurs différences, et les résumer avec précision, un élément principal manque encore à notre appréciation ; nous voulons parler des faits publiés en France par Broca[1] et Trousseau[2]. En effet, les deux observations recueillies avec tant de soin par Broca à l’hospice de Bicêtre (suivies de l’autopsie, qui a démontré dans les deux cas l’existence d’une lésion anatomique identique de la deuxième et de la troisième circonvolution frontale), ont été le véritable point de départ de toutes les recherches entreprises sur ce sujet intéressant, et les faits rapportés par Trousseau ont mieux fait comprendre l’étendue et la complexité d’une question qui pouvait paraître, au premier abord, très restreinte et nettement circonscrite.

Dans les considérations générales que nous avons l’intention de présenter, nous serions obligés, à chaque instant, de faire allusion à ces faits, qui sont l’un des principaux éléments de la discussion. Nous avons donc jugé indispensable de les publier ici d’une manière abrégée, complète, avant d’aborder l’examen de la question elle-même.

Citons d’abord la première observation de Broca. Elle est doublement intéressante, et par ses détails mêmes et par le compte rendu de l’autopsie, qui a permis de découvrir dans le cerveau une lésion en rapport avec les symptômes constatés pendant la vie.

IV.Faits de Broca.

Observation XLIV. — Le 11 avril 1861, on transporta à l’infirmerie générale de Bicêtre (service de chirurgie), le nommé Leborgne, cinquante et un ans, atteint d’un phlegmon diffus gangréneux de tout le

  1. Broca, Mémoire lu à la Société anatomique.
  2. Trousseau, Clinique médicale de l’Hôtel-Dieu, 7e édition ; Paris, 1885.