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Son intelligence était parfaitement conservée ; elle riait en entendant ce qu’on disait et se mettait à crier lorsqu’elle voulait témoigner ses remerciements pour les soins qu’on lui donnait. Elle prononçait parfaitement le petit nombre de mots qu’elle pouvait dire et elle les répétait incessamment, mais il lui était absolument impossible d’en prononcer d’autres[1].

Observation XLVIII. — Un monsieur, après plusieurs avertissements prémonitoires qui passèrent inaperçus, fut atteint d’une attaque qui tenait le milieu entre l’épilepsie et l’apoplexie. Pendant deux jours sa vie fut en danger. Il revint à lui cependant partiellement, mais avec une inaptitude à exprimer clairement ses volontés. Il pouvait parler, mais ce qu’il disait, sans une clef pour l’interpréter, était incompréhensible. Il était capable de prononcer des mots avec une grande netteté, mais ils étaient singulièrement déplacés et transposés. On écrivait ce qu’il disait, et les mots étaient alors remis dans leur ordre véritable. De cette façon, sa famille arrivait à comprendre exactement ses désirs. Cet état du cerveau et de gêne dans la parole continua avec de légères intermittences pendant quinze jours, accompagné de douleurs aiguës dans la région occipitale. D’après ces symptômes de congestion, il fut saigné, et cette soustraction du sang fut suivie d’une amélioration notable dans les symptômes. Des purgatifs mercuriaux furent donnés, la tête rasée, et des révulsifs appliqués derrière les oreilles. Cinq jours après l’application des ventouses, il était en état de causer d’une manière suivie pendant quelques minutes ; mais s’il continuait la conversation au delà de ce temps, il recommençait à divaguer et à déplacer les mots. De petites doses de bichlorure de mercure furent alors employées, combinées avec la teinture de quinquina, et avec succès. Ce monsieur, après quelques mois, fut complètement dégagé de tout symptôme de maladie du cerveau[2].

Après avoir relaté un grand nombre d’observations empruntées à divers auteurs français et étrangers, et les avoir classées en trois

  1. Durand-Fardel, Traité du ramollissement du cerceau ; Paris, 1813. — Forbes Winslow. Obscure Diseases, etc., p. 512 et 513.
  2. Forbes Winslow, Obscure Diseases, p. 521.