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semaines, les seuls mots qu’il pouvait prononcer étaient : écurie, cheval, coup de pied. Il employait ces mots toutes les fois qu’il voulait parler avec les personnes qui l’entouraient. On fit des efforts pour l’engager à employer d’autres mots et à relier ses idées, mais ce fut sans résultat. Il recouvra tout à coup la faculté du langage ; pendant près d’un an sa mémoire fut encore très affaiblie[1].

Observation XL. — Le professeur Gruner, d’Iéna, rapporte l’histoire d’un savant de ses amis dont la puissance d’articulation était affectée d’une singulière manière. Dans la convalescence d’une fièvre grave, une des premières choses qu’il désirait était du café, mais, au lieu de prononcer en allemand les deux ff (kaffée) il mettait à leur place un tz, ce qui faisait en allemand katze (chat). Dans tous les mots où existait la lettre F, il commettait la même erreur et y substituait un Z[2].

Observation XLI. — Le Dr Beddoes connaissait un monsieur qui, avant une attaque d’épilepsie, déplaçait les mots d’une singulière façon. Il faisait constamment des fautes de ce genre dans ses lettres, et lorsqu’il parlait, il avait l’habitude de substituer un mot à un autre, ayant cependant quelque ressemblance avec lui pour le sens ou pour le son[3].

Observation XLII. — Un monsieur, occupé de commerce, et dont l’esprit avait été pendant plusieurs semaines fortement tendu par des affaires urgentes et inquiétantes, fut observé un jour, pendant qu’il était dans son comptoir, déplaçant singulièrement les mots. Il put néanmoins continuer ses affaires pendant plusieurs jours ; mais, trois jours après, il se plaignit d’une grande faiblesse, et, un matin, pendant qu’il se rasait, il fut pris d’un accès de vomissement. Deux heures après, il était dans un état de coma profond. Il parvint cependant à se rétablir de cet état cérébral si grave[4].

  1. Forbes Winslow, Obscure Diseases, p. 407.
  2. id., ibid., p. 508.
  3. id., ibid., p. 511.
  4. id., ibid., p. 511.