Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/440

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Observation XXXVI. — Le Dr Baillie[1] décrit un cas curieux de trouble de la mémoire produit par la paralysie. « Un monsieur, âgé de cinquante-six ans, fut pris des symptômes d’une compression du cerveau, et devint complètement paralysé du côté droit. On découvrit qu’il avait perdu le souvenir des mots de sa propre langue, excepté un petit nombre d’entre eux qu’il prononçait d’une manière très distincte, et en variant singulièrement les intonations, de manière à exprimer le plaisir ou la peine, la joie ou la douleur, pour expliquer les circonstances de sa maladie, et indiquer ce dont il avait besoin, sans avoir la conscience qu’il n’employait pas les mots exacts pour exprimer sa pensée[2]. »

Observation XXXVII. — « Un monsieur de quarante-six ans, qui avait toujours joui d’une bonne santé, après avoir éprouvé un grand malaise de l’esprit et avoir été exposé à une forte fatigue physique, fut pris d’apoplexie suivie d’hémiplégie. L’apoplexie fut légère, mais l’hémiplégie fut complète. La faculté de parler fut entièrement perdue, de telle sorte qu’il ne pouvait prononcer que les sons ee-o ; mais il en variait tellement l’intonation, qu’avec le secours de gestes expressifs, il était en état de faire comprendre à ceux qui l’entouraient sa pensée très distinctement sur les choses usuelles de la vie. Il comprenait très bien tout ce qu’on lui disait, et savait parfaitement ce qu’il désirait répondre lui-même ; mais il était incapable de prononcer autre chose que les sons sus-mentionnés. Mais, croyant cependant qu’il employait exactement les mots destinés à la communication de sa pensée, il paraissait surpris et mécontent lorsqu’il n’était pas compris. Il cherchait quelquefois à expliquer ce qu’il voulait dire en écrivant sur une ardoise ; mais, généralement, il substituait un mot à un autre, et presque toujours il se trompait en épelant ce qu’il écrivait[3]. »

Observation XXXVIII. — Le Dr T. K. Chambers a publié le cas intéressant suivant, de perte du langage consécutive à une maladie aiguë du cerveau :

  1. Dr Baillie, Medical Transactions of the College of physicians, t. IV.
  2. Forbes Winslow, Obscure Diseases, p. 412.
  3. Cooke, On nervous Diseases. — Forbes Winslow, p. 412.