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étrangère imparfaitement connue. Il répète les mots prononcés devant lui sans les voir écrits. Son esprit paraît quelque peu lésé, comme cela se remarque surtout chez les personnes qui ont eu une attaque d’apoplexie. Ce malade ne s’est jamais plaint de céphalalgie[1].

Schmidt[2] a publié cinq faits dans lesquels les malades, sans aucune manifestation apoplectique et avec intégrité de leur intelligence, étaient hors d’état d’écrire ce qu’ils ne pouvaient prononcer.

Observation XXXIII. — Gesner rapporte l’exemple d’un homme de soixante-treize ans, qui, atteint de l’incapacité de faire comprendre ses pensés de vive voix ou par écrit, employait des mots incompréhensibles ou impropres (par exemple adieu au lieu de je pense), et ne pouvait ni écrire ni lire, soit son propre nom, soit toute autre chose. Il n’était paralysé d’aucune partie du corps, comprenait très bien tout ce qu’on disait devant lui, avait la conscience de l’altération de son langage, et sa langue ne manquait en rien de sa faculté d’articuler des mots.

Observation XXXIV. — Après une attaque de maladie du cerveau, un homme n’avait à sa disposition que la première syllabe des noms, c’est-à-dire qu’il ne pouvait terminer la prononciation d’un mot quoiqu’il en connût la première syllabe[3].

Observation XXXV. — Un soldat français fut atteint d’une fracture contusive du crâne, ayant ouvert le sinus longitudinal supérieur. Au premier abord, il y eut des symptômes de compression. Une fois à l’hôpital d’Anvers, il comprit tout ce qu’on lui disait et paraissait tout à fait intelligent ; il ne pouvait répondre que ba-ba à tous les interrogatoires. C’était une chose très pénible de voir combien il était affecté de son incapacité d’exprimer ses pensées[4].

  1. Thomas Hun, American Journal of insanity, 1851, p. 358.
  2. Schmidt, Hanover correxpondenzbladt, 1852, p. 22.
  3. Forbes Winslow, Obscure Dieases, p. 391.
  4. id., ibid., p. 407 et 408.