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tement, dans le milieu de la nuit et sans cause connue, d’un mutisme presque complet qui ne lui permettait plus que de dire : Oui, oui, à toutes les questions, qu’elles fussent contradictoires ou non. Elle conservait néanmoins l’usage de son intelligence, et n’était ni paralysée ni aliénée. Lorsqu’on lui disait d’écrire ce qu’elle avait à communiquer, elle traçait sur le papier un assemblage de lettres auxquelles aucun sens ne pouvait être attaché[1].

III.Troisième série de faits.

Cas dans lesquels les malades conservent encore la possibilité de prononcer quelques mots toujours les mêmes, qui à l’aide de la mimique, leur servent à exprimer leurs pensées, mais ont perdu la faculté de lire, d’écrire et de répéter les mots devant eux.

Voici comment le Dr Morel[2] s’exprime à l’égard des malades appartenant à cette catégorie : « On trouve assez fréquemment des individus qui, à la suite d’une attaque d’apoplexie, d’une congestion ou d’un ramollissement, perdent l’usage presque complet du vocabulaire et ne conservent plus que quelques mots qui, dans leur esprit, ont toutes les significations possibles. Lorsqu’on ne les comprend pas, ils s’attristent, s’impatientent et répètent alors avec plus ou moins de véhémence leurs mots d’adoption. Ces individus ont toute leur raison, ce dont il est facile de s’assurer par l’expression de leurs yeux, et surtout par leurs gestes et par l’air de satisfaction qu’ils manifestent lorsqu’on les a devinés. Cet état peut persister très longtemps et se montrer jusqu’à la mort. »

Nous commencerons l’énumération des faits de cette troisième série par une observation très intéressante que nous empruntons au Dr Hun.

Observation XXXII. — M. Nelly, serrurier, âgé de trente-cinq ans, de mœurs régulières, ayant l’intelligence suffisamment développée, pouvait, avant sa maladie actuelle, lire et écrire avec facilité ; durant

  1. Forbes Winslow, Obscure Diseases, p. 510.
  2. Dr Morel, Traité des maladies mentales, p. 303 et 304.