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bilité. Il donnait des preuves non douteuses de l’intégrité de ses facultés intellectuelles, et cependant il ne pouvait ni lire ni écrire.

Observation XI. — Reil[1] raconte le fait d’un malade qui, à la suite d’une blessure grave du cerveau, ne put réapprendre son propre nom qu’au bout d’un long temps.

Observation XII. — Bouillaud[2] et Duperthuis[3] rapportent des faits semblables, où la faculté de se rappeler les noms propres manquait également ; mais ces faits doivent être probablement exclus de ce travail parce que les mouvements des muscles de la mâchoire et de la langue n’étaient pas intacts et qu’il y avait en même temps un certain trouble intellectuel.

Il existe en outre toute une catégorie de faits dans lesquels la perte de la mémoire s’étend à tous les noms propres, à tous les substantifs, dans lesquels, en un mot, manque la mémoire des noms de tous les objets.

Observation XIII. — Bergmann[4] cite le fait d’un homme qui, à la suite d’une chute sur la tête, avait perdu la mémoire des noms, tandis que celle des choses et des lieux était intacte. Il pouvait prononcer et employer convenablement les verbes, mais ne pouvait trouver les substantifs et il employait ainsi constamment des périphrases ; pour désigner des ciseaux, il disait : « ce avec quoi l’on coupe » ; pour indiquer une fenêtre, « ce par où l’on voit, par où il fait clair ».

Observation XIV. — Graves[5] relate un exemple intéressant sous ce rapport. Un homme de cinquante-six ans, à la suite d’une attaque de paralysie, est atteint d’une incapacité de se servir des substantifs et des noms propres, tout en étant du reste capable de bien s’exprimer. Il ne peut indiquer que les premières

  1. Reil, Mémoires cliniques (fascicule 4, p. 12).
  2. Bouillaud, Traité de l’encéphalite, p. 191.
  3. Duperthuis, Gazette des hôpitaux, p. 66 ; 1849.
  4. Bergmann, Journal für psychiatrie, 1819, p. 659.
  5. Graves, Dublin quarterly journal, t. XI, p. 1, 1851.