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teurs a été éveillée sur ces phénomènes si singuliers de certaines maladies du cerveau. Nous avons cru en outre qu’il serait possible de tirer du simple rapprochement de ces faits quelques inductions naturelles sur la valeur de ces symptômes dans le diagnostic et le pronostic des affections cérébrales, ainsi que les éléments précieux pour éclairer la physiologie de la parole et la théorie du langage. Tel est donc le but que nous nous proposons dans ce travail.

Nous commencerons par relater plusieurs observations, puisées à des sources très diverses, et classées en quelques catégories destinées seulement à en faciliter l’étude. Puis, nous chercherons à rapprocher ces faits par leurs analogies, à signaler leurs différences, et à en déduire quelques conséquences utiles pour la physiologie et pour la pathologie du cerveau.

PREMIÈRE PARTIE

Exposé général des faits.

On observe dans les affections cérébrales des troubles très variés du langage et de la mémoire des mots, depuis les degrés les plus voisins de l’état normal jusqu’aux cas extrêmes, dans lesquels, avec un profond affaiblissement des facultés intellectuelles, existent la suppression absolue de la parole et l’abolition complète de la mémoire.

Si l’on voulait parcourir successivement, dans tous ses degrés, cette échelle descendante de la mémoire et de la faculté de parler dans les affections du cerveau et citer des exemples correspondant à chacun de ces degrés, il faudrait faire un volume ; telle ne peut être notre intention. Nous voulons seulement relater ici quelques-uns des faits que nous avons pu recueillir, afin d’indiquer les principales catégories de perversions du langage et de la mémoire qui ont été observées, entre ces deux extrêmes de l’état physiologique d’une part, et de la démence avec abolition de la parole et de la mémoire d’autre part. Pour nous limiter encore d’une manière plus précise, disons que les faits que nous avons surtout en vue sont ceux dans lesquels la parole et la mémoire sont plus ou moins partiellement lésées, malgré la conservation de l’intelligence et l’intégrité des organes qui servent à la phonation. Sans doute nous n’admettons