Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/419

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

dans l’alcoolisme, chez les hystériques, les femmes enceintes et les nouvelles accouchées). Nous ajouterons que les actes de cette nature surviennent encore assez fréquemment chez les individus que le Dr Morel a groupés sous le titre de dégénérés, et dont il a esquissé avec tant de vérité les traits principaux[1].

Nous croyons aussi qu’il existe des folies transitoires indépendantes de l’épilepsie, ainsi qu’on en trouve de nombreux exemples dans les auteurs qui se sont occupés de la médecine légale des aliénés. Nous pensons même qu’une science plus avancée parviendra à découvrir parmi ces faits, réunis artificiellement à l’aide d’un seul caractère (la brièveté de l’accès et l’instantanéité des actes), plusieurs catégories distinctes, différant totalement par l’ensemble de leurs symptômes, tout en se rapprochant par le caractère commun relatif à la nature des actes. Nous disons seulement que l’on peut, dès à présent, détacher de ce groupe informe et mal limité de la folie des actes une catégorie bien déterminée de faits, sous le nom de folie épileptique. Nous sommes convaincu que cette forme de maladie mentale est beaucoup plus fréquente que ne l’imaginent ceux qui n’observent que dans les asiles d’aliénés, ou que ne le croient les médecins légistes eux-mêmes, parce que jusqu’à présent leur attention n’a pas été suffisamment attirée sur son existence.

Nous avons également la conviction que beaucoup de faits rapportés, sous les noms de folie temporaire, folie instantanée, ou folie transitoire, rentrent dans cette catégorie ; que seulement l’existence de l’épilepsie n’ayant pas été recherchée, elle n’a pu être mentionnée dans ces observations, qui ne contiennent le plus souvent aucuns détails propres à la faire reconnaître. Nous croyons enfin que, dans un certain nombre de cas, l’épilepsie ne se manifeste, pendant quelque temps, que sous sa forme intellectuelle, c’est-à-dire sous une forme larvée, ainsi que l’a très bien démontré le Dr Morel, dans un travail très intéressant sur cette espèce de maladie mentale[2].

Ainsi donc, en résumé, dans les cas si fréquents où le délire épi-

  1. Morel, Dégénérescences de l’espèce humaine ; 1857, et Traité des maladies mentales ; 1860.
  2. Morel, D’une forme de délire, suite d’une surexcitation nerveuse, se rattachant à une variété non encore décrite d’épilepsie, ou épilepsie larvée. (Gazette hebdomad. ; Paris, décembre 1860.