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et Aubanel[1], n’ont pas hésité à se prononcer en faveur de la séquestration perpétuelle des épileptiques et des aliénés homicides.

Une doctrine aussi exclusive nous paraît inadmissible en pratique. Il est en effet des épileptiques, même homicides, qui présentent des périodes trop longues de raison pour qu’on puisse songer à les séquestrer indéfiniment, en vue d’une hypothèse qui peut-être ne se réalisera jamais ; mais ceci prouve de plus en plus la difficulté extrême de cette question, dont la solution doit être entièrement abandonnée à la conscience du médecin qui observe les caractères et la marche de l’épilepsie dans chaque cas particulier.

Il nous reste maintenant à résumer les principales conséquences que l’étude du délire épileptique peut avoir pour la médecine légale des aliénés.

Nous reconnaissons volontiers que quelques-uns des signes que nous avons indiqués comme appartenant à la folie épileptique, tels que la perte de mémoire ou l’absence de motifs des actes par exemple, peuvent manquer dans certains cas soumis à l’examen des médecins experts ; mais il n’en est pas moins vrai que ces signes se rencontrent le plus généralement chez les épileptiques, et qu’ils deviennent ainsi un auxiliaire précieux pour la médecine légale. Ici, comme dans toutes les affections, le médecin doit juger d’après l’ensemble des symptômes et non d’après un seul ; il doit donc chercher à retrouver dans le fait qu’il est chargé d’examiner le tableau général de la maladie. Or il résulte de notre travail que, pour discerner l’état mental d’un épileptique, le médecin légiste pourra puiser à trois sources différentes :

1oIl s’appuiera sur les caractères tirés de la marche des accès de délire, dans leurs rapports avec les accidents physiques de l’épilepsie. Ainsi, il constatera que le délire s’est produit sous forme d’accès survenus sans convulsions et sans vertiges, ou bien en rapport direct avec ces symptômes physiques ; que ces accès ont été relativement courts ; qu’ils ont eu une invasion et une cessation rapide ; enfin qu’ils se sont reproduits à intervalles plus ou moins rapprochés dans la vie antérieure du malade, ou bien dans la prison.

  1. Dans plusieurs rapports médico-légaux insérés dans les Annales médico-psychologiques.