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blement ; c’est alors surtout que le médecin légiste doit avoir recours à la connaissance de tous les antécédents du malade et des symptômes propres à caractériser cet état morbide pour porter la conviction dans l’esprit des magistrats. Aussi avons-nous décrit avec soin et séparément cet état mental, sur lequel nous devons de nouveau insister d’une manière particulière, à l’occasion de la médecine légale.

Le petit mal intellectuel, que nous avons décrit précédemment dans ses caractères généraux, présente de nombreuses différences de durée et d’intensité, depuis les actes de violence instantanés et temporaires jusqu’aux accès plus prolongés et plus intenses, dont les degrés les plus élevés se rapprochent de la manie avec fureur. Ces diverses formes du petit mal intellectuel correspondent aux nuances également variées du vertige épileptique lui-même, depuis le simple étourdissement passager, qui ne dure que quelques secondes, jusqu’à l’attaque incomplète, avec convulsions partielles et demi-perte de connaissance, qui se trouve sur la limite de la grande attaque épileptique.

Les médecins légistes de tous les pays, et, en dernier lieu, Trousseau[1] et Tardieu[2], ont appelé l’attention sur les actes soudains, non motivés, et d’une exécution très rapide, auxquels se livrent les épileptiques, et qui surviennent plus souvent chez ces malades que dans les autres formes de maladie mentale. Ces actes violents et sans motifs appréciables se produisent en effet fréquemment dans la folie épileptique, et méritent d’être signalés comme un de ses symptômes les plus importants.

Mais, dans cette circonstance, comme dans la plupart des cas de délire partiel, les médecins légistes ont eu le tort de concentrer presque exclusivement leur attention sur les détails ou les mobiles des actes incriminés, comme si ces actes constituaient à eux seuls toute la maladie, comme si elle se réduisait à l’exaltation subite et temporaire du penchant au meurtre, au vol ou à l’incendie, dégagée de tout autre symptôme physique et moral. C’est ainsi qu’on a créé

  1. Trousseau, Bull. de l’Acad. de médecine et Clinique médicale, 7e édition ; Paris, 1885.
  2. Tardieu, Bull. de l’Acad. de méd. et Étude médico-légale sur la folie, 2e édition ; Paris, 1880.