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sous le nom de folie circulaire, et par M. Baillarger sous celui de folie à double forme. Elle consiste dans l’alternative régulière d’un état de dépression mélancolique et d’un état d’exaltation maniaque ; elle repose, par conséquent, non seulement par l’ensemble symptomatique (la succession d’un état mélancolique spécial et d’un état maniaque également spécial), mais sur une donnée puisée dans la marche particulière et en quelque sorte fatale de la maladie, puisque ces deux états se succèdent ainsi indéfiniment, presque sans interruption, pendant tout le cours de l’existence de ces individus.

Après la forme circulaire, nous mentionnerons la folie épileptique, qui nous paraît aussi présenter des caractères psychiques tout à fait spéciaux, que nous avons cherché à décrire et à résumer[1].

Nous y ajouterons la folie alcoolique, dans sa forme aiguë, décrite par tous les auteurs sous le nom de delirium tremens, et dans sa forme chronique (alcoolisme chronique de Magnus Huss), que nous croyons également susceptible d’une description spéciale. Cette description a été déjà esquissée par plusieurs auteurs, et en particulier par M. Delasiauve, mais elle pourrait être rendue plus précise par une étude plus attentive, faite au point de vue de la spécialité de cette forme.

Nous pourrions encore ajouter à cette énumération d’autres catégories de maladies mentales qui nous paraissent devoir être décrites séparément, et qui pourraient, à nos yeux, constituer des espèces plus naturelles que celles que nous possédons aujourd’hui ; nous citerons en particulier le délire de persécution, comme nous le comprenons, décrit d’une manière distincte, avec ses périodes, sa marche et ses terminaisons.

Mais nous ne pouvons nous arrêter à ces descriptions particulières, qui nous entraîneraient beaucoup trop loin, et nous avons hâte d’arriver à la conclusion très courte que nous voulons tirer de ce trop long travail.

En nous livrant à l’examen des principes qui doivent servir de base à une classification naturelle des maladies mentales ; en signalant les lacunes considérables que présente, selon nous, celle qui est généralement adoptée ; en indiquant rapidement quelques-unes des formes

  1. Voy. plus loin.