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Les accès de délire qui précèdent, accompagnent ou suivent les attaques d’épilepsie, sont certainement plus faciles à juger que ceux qui se produisent dans l’intervalle et à une certaine distance des accès convulsifs. Cependant il arrive quelquefois que l’observateur a manqué, et que l’épilepsie n’est pas mentionnée dans les renseignements fournis au médecin expert. Dans ces cas, la connaissance des caractères spéciaux du délire épileptique peut mettre sur la voie de la découverte de l’épilepsie, dont les symptômes avaient passé inaperçus. Ceci peut surtout se rencontrer lorsque les accès de fureur ont eu lieu pendant la nuit. Marc en cite un exemple bien remarquable. Cet auteur rapporte en effet[1] l’observation d’un conseiller d’une ville d’Allemagne, qui fut atteint subitement, pendant la nuit, d’un accès de manie transitoire, dans lequel il chercha à tuer sa femme ; il ajoute que cet accès de fureur avait été précédé d’un ronflement très prononcé pendant le sommeil. Or, comme l’a très bien fait remarquer M. Baillarger, il est extrêmement probable que ce ronflement, observé pendant le sommeil, n’était autre chose qu’une attaque d’épilepsie, qui aura été méconnue[2].

Dans d’autres circonstances, le caractère peu tranché du trouble intellectuel qui précède ou suit immédiatement les attaques convulsives peut, malgré la constatation de ces attaques, laisser des doutes dans l’esprit des magistrats. On comprend dès lors quel secours précieux peut apporter, dans le jugement de ces cas difficiles, la connaissance préalable des symptômes propres à la folie épileptique.

Une dernière circonstance mérite d’être signalée relativement aux actes accomplis par les épileptiques pendant la durée d’une ou de plusieurs attaques successives d’épilepsie. Ces actes n’offrent ordinairement aucune difficulté d’appréciation ; leur caractère essentiellement automatique et involontaire est évident pour tous. Ils participent en quelque sorte de l’irrésistibilité des mouvements convulsifs eux-mêmes. Cependant il est certaines attaques incomplètes d’épilepsie qui tiennent le milieu entre le vertige simple et l’attaque complète, pendant lesquels les malades paraissent, dans l’intervalle des convulsions, en rapport avec le monde extérieur. Ils

  1. Marc, De la folie, t. II, p. 509.
  2. Baillarger, La Responsabilité des épileptiques.