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ladie mentale. Elle renferme à la fois en elle-même les quatre états de monomanie, de manie, de mélancolie et de démence, qui constituaient autant de types distincts, mais elle comprend chacun d’eux avec des caractères spéciaux qui lui appartiennent en propre ; elle ne repose pas, comme ces espèces provisoires, sur quelques caractères seulement, mais sur un ensemble de faits connexes, puisés (comme l’a très bien dit Parchappe) dans les causes spéciales, dans les lésions, dans les symptômes physiques, dans les symptômes moraux et dans la marche particulière de l’affection. Voilà une forme de maladie mentale vraiment naturelle ; elle peut être considérée comme définitive ; mieux que toutes les généralités auxquelles nous venons de nous livrer, elle peut faire comprendre ce que nous avons voulu dire ; elle peut servir de spécimen et de modèle pour découvrir, au milieu des groupes si variés des affections mentales, d’autres types aussi naturels, basés comme elle sur un ensemble de symptômes physiques et moraux, coordonnés d’une certaine façon et ayant un ordre de succession déterminé.

Sans doute elle comprend dans son sein, sous le rapport des symptômes et de la marche, des variétés qui mériteraient d’être décrites séparément, comme dans la botanique on décrit des variétés dans les espèces végétales les mieux établies ; mais, malgré ces différences secondaires, ces variétés possèdent assez de caractères communs pour pouvoir être considérées comme appartenant à la même espèce morbide.

Nous n’avons pas à décrire ici ces caractères communs et différentiels, ni à démontrer l’existence distincte de cette forme de maladie mentale. Nous l’avons déjà tenté, après d’autres auteurs[1].

Nous nous bornerons à ajouter ici que nous croyons possible, dès à présent, de découvrir, parmi les aliénés, d’autres formes naturelles qui, sans réunir autant d’avantages que la forme paralytique, mériteraient néanmoins d’être reconnues comme espèces distinctes, plus naturelles et plus vraies que les formes admises actuellement sous les noms de manie, monomanie, mélancolie et démence. Je citerai en premier lieu l’espèce de maladie mentale décrite par mon père

  1. Jules Falret, État mental des Épileptiques (Archives de médecine, 1860.) Voir plus loin.