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un état de démence et d’idiotisme. Néanmoins, lorsque les attaques se suspendent pendant un temps assez long, l’intelligence peut reprendre momentanément une partie de son activité ; de plus, il est quelques cas exceptionnels dans lesquels l’intelligence conserve toute son intégrité, malgré la répétition fréquente et prolongée des accès épileptiques.

2oLes absences et les vertiges, ainsi que l’a dit Esquirol, entraînent plus rapidement et plus sûrement l’affaiblissement intellectuel que les grandes attaques convulsives, même fréquemment renouvelées.

3oLes accès de délire auxquels nous avons donné le nom de petit mal intellectuel sont liés le plus habituellement aux vertiges ou aux attaques nocturnes ; les accès de grand mal, au contraire, sont presque toujours en rapport avec les grandes attaques convulsives.

4oLes deux formes du délire épileptique se produisent de préférence à la période moyenne de l’épilepsie, c’est-à-dire alors que cette maladie existe déjà depuis quelques années ; la première période est presque toujours exempte de délire, et la dernière est habituellement accompagnée de démence, et dépourvue de perturbations plus actives de l’intelligence.

5oLes accès de délire surviennent beaucoup plus souvent avant et surtout après les attaques épileptiques que dans leurs intervalles et à une grande distance des vertiges ou des accès convulsifs.

6oLes conditions qui, dans la marche de l’épilepsie, favorisent le plus la production du délire, sont les suivantes : Lorsque l’épilepsie est restée longtemps suspendue, elle fait souvent explosion avec une nouvelle intensité, en même temps sous la forme convulsive et sous la forme délirante. Lorsque les accès épileptiques se reproduisent à intervalles très rapprochés, par séries, et comme coup sur coup, on voit fréquemment, dans ces circonstances, apparaître le délire ; cela a lieu surtout lorsque ces attaques successives sont en quelque sorte avortées, ne se manifestent que d’une manière incomplète, et que le mal ne sort pas, pour nous servir d’une expression souvent employée par les malades eux-mêmes ou par ceux qui les entourent. Ainsi se trouvent conciliées, selon nous, les deux opinions en apparence opposées, exprimées à cet égard par plusieurs auteurs qui se sont spécialement occupés de cette question.