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production des troubles intellectuels, et dans leurs rapports avec les vertiges ou les grandes attaques. Il est un certain nombre d’épileptiques qui, malgré l’intensité et la fréquente répétition de leurs accès, conservent néanmoins, pendant toute leur vie, l’intégrité de leurs facultés intellectuelles, et ne présentent que de légères perturbations de l’intelligence et du caractère, auxquelles on ne peut donner le nom de folie. Il est d’autres malades qui, à la suite d’accès épileptiques fréquents et renouvelés pendant de longues années, arrivent peu à peu à un état continu de démence et même d’idiotisme, interrompu de temps en temps seulement par des périodes d’agitation de courte durée. Chez d’autres épileptiques enfin, la raison est généralement intacte, et l’on n’observe, pendant tout le cours de leur vie, qu’un petit nombre d’accès de délire, ou même qu’un seul accès, ainsi qu’il en existe quelques exemples bien avérés dans les annales de la science.

Néanmoins, dans la grande majorité des cas d’épilepsie déjà ancienne, les accès de délire surviennent assez fréquemment, soit en liaison directe avec les attaques, soit dans leurs intervalles ; mais il existe, sous ce rapport, de grandes différences, quant au degré de fréquence, chez le même malade ou chez des malades différents. Ainsi, tantôt les vertiges ou les accès convulsifs ont lieu plus souvent que les accès de délire, c’est là évidemment le cas le plus fréquent ; tantôt, au contraire, ce sont les accès de délire qui se produisent le plus fréquemment et qui attirent seuls l’attention des médecins et des magistrats ; tantôt enfin, et c’est là le cas le plus rare, tous les accès convulsifs sans exception sont suivis d’accès de délire.

On voit, d’après ce résumé rapide, qu’il existe de grandes irrégularités dans le mode de production des troubles intellectuels chez les épileptiques. Il est dès lors impossible de déterminer, d’une manière absolue, la marche du délire épileptique, dans ses rapports avec les accidents physiques de l’épilepsie. Cependant, tout en admettant de nombreuses diversités individuelles, nous croyons pouvoir résumer, d’une manière générale, la marche la plus habituelle du délire dans ses relations avec les attaques épileptiques, par les propositions suivantes :

1oLes accès épileptiques fréquents et longtemps renouvelés amènent ordinairement l’affaiblissement progressif des facultés intellectuelles, et conduisent peu à peu les malades qui en sont atteints à