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se sauver, sans savoir où il va : « Je vais n’importe où, dit-il ; je vais où la tête me fait aller ». Quelquefois cet état dure une heure, d’autres fois plus longtemps. Il prétend n’avoir eu qu’une seule fois une attaque de nerfs, avec tremblement général ; mais il sent que sa mémoire est infidèle et qu’il oublie beaucoup de choses. Il a souvent la tête lourde et les jambes faibles ; très fréquemment, il se mord la langue pendant la nuit, et il laisse écouler involontairement ses urines en rêvant. Il éprouve quelquefois des envies de se faire du mal ; mais ordinairement, dit-il, ces idées ne durent pas longtemps. Il prétend qu’habituellement il n’est pas colère, il y a quelque temps cependant il était susceptible et disposé à l’irritation.

Il éprouve quelquefois des étourdissements ; mais ce qu’il ressent le plus souvent, ce sont des faiblesses dans les jambes. Il est habituellement d’un caractère gai ; mais, quand sa tête est malade, dit-il, il devient triste. Il entend quelquefois des voix, comme si on lui parlait ; il parle alors seul malgré lui sans savoir pourquoi. Il pleure également sans motifs : les larmes lui viennent tout à coup, dit-il, mais cela ne dure pas ; cet état de tristesse disparaît presque instantanément. « Je ne perds jamais complètement connaissance, dit-il, mais je me sens poussé, malgré moi, à faire une chose ou une autre. » Il prétend qu’il ne lui est jamais arrivé de frapper personne, et qu’il est doux de caractère. Sa vue est quelquefois brouillée.

Observation XIV. — L… (Henri-Gustave), vingt-neuf ans, né à Domfront (Orne), est venu de lui-même se livrer entre les mains du commissaire de police, pour se soustraire aux persécutions dont il se croit l’objet : « Il ne veut plus être la risée de tout le monde. Il entend des voix jour et nuit ; on lui reproche des crimes imaginaires. Il est si malheureux, dit-il, qu’il demande protection pour devenir plus libre. Il voit quelquefois des figures et des lumières rouges ; il a des frayeurs ; il éprouve par moments le désir de se jeter à l’eau ; d’autres fois, il a besoin de frapper contre les murs ou par terre, pour épuiser sa colère. Il n’est pas méchant, dit-il ; quelquefois seulement il est colère et disposé à frapper, mais il se retient. »

Il éprouve souvent des tremblements et des étourdissements ; une fois même il est tombé. Il est donc bien évidemment épileptique. Tous ces phénomènes surviennent chez lui par accès : tantôt il