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quelquefois ses propres idées à la place de celles qu’il devrait copier ; tantôt il met des lettres en trop, tantôt au contraire il oublie et saute des mots ; fréquemment il ne peut ni lire ni écrire ; il est alors absorbé, distrait et comme absent. Il lui arrive souvent de sortir de chez lui pendant le jour ou pendant la nuit ; il éprouve le besoin de marcher sans but, et alors quelquefois il se perd. Une fois il s’est retrouvé ainsi au milieu de la plaine Saint-Denis ; une autre fois, il a été ramassé par la police.

En résumé, ce malade a de fréquentes absences ; il éprouve des étourdissements, des pertes de mémoire, des désespoirs subits avec envies de se détruire, un besoin de vagabondage sans but, enfin des accès de colère fréquents, instinctifs, accompagnés d’hallucinations, surtout de la vue, et d’actes de violence contre son père et sa mère. Tous ces faits suffisent, à nos yeux, pour établir chez lui l’existence d’un délire épileptique très caractérisé, lié à des vertiges. Il prétend que pendant ses accès il n’a jamais envie de faire du mal qu’à son père et à sa mère, et qu’il ne frapperait que pour se défendre ; mais comme sa mémoire est très confuse, il peut bien ne pas se rappeler d’autres actes de violence auxquels il s’est peut-être livré, comme la plupart des épileptiques atteints de cette forme particulière de trouble mental à laquelle nous avons réservé le nom de petit mal intellectuel.

Observation XII. — R…, vingt et un ans, est épileptique, avec vertiges fréquents et grandes attaques environ deux fois par mois. Il a été plusieurs fois à Bicêtre et à l’asile de Niort. Il se rappelle peu de choses lui-même relativement à ses accès ; mais il sait qu’il est épileptique, qu’il a voulu se suicider, sans savoir pourquoi, et que souvent il se promène, pendant plusieurs jours, sans motif et sans savoir où il va. Les renseignements qui se trouvent dans son dossier constatent le vagabondage, les actes violents, l’action de briser, les tentatives fréquentes de suicide et les accès de fureur de plusieurs jours, avec intervalles de calme et de raison assez complète, pour que plusieurs fois les commissaires de police et les médecins n’aient pas voulu constater l’aliénation.

Observation XIII. — G…, quarante-sept ans, est domestique à Saint-Nicolas. Par moments, il lui prend des besoins de marcher, de