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Voici les renseignements que nous avons obtenus de lui sur ses antécédents :

Ce malade ne sait pas s’il y a dans sa famille des personnes tombant du haut mal ou atteintes d’aliénation mentale. Il a eu une fièvre typhoïde il y a trois ou quatre ans. Il n’est pas sujet aux maux de tête. Il éprouve très fréquemment des étourdissements ; il est alors obligé de s’appuyer sur une table, ou sur le premier objet venu, pour ne pas tomber. C’est comme un nuage, dit-il, qui lui passe devant les yeux. Un jour il parlait et l’étourdissement lui a coupé la parole. Ces étourdissements surviennent chez lui deux ou trois fois par jour. Il lui est arrivé souvent de voir comme de petites boules bleues devant les yeux ; autrefois c’était du rouge. Il lui prend quelquefois des tremblements involontaires qui durent environ un quart d’heure. (Les attaques que le malade appelle des tremblements sont-elles de véritables attaques d’épilepsie ? C’est ce qu’il est impossible de déterminer à l’aide du compte rendu fait par le malade lui-même.) Il dit éprouver de temps en temps une émotion subite au cœur.

V… déclare lui-même qu’il n’a pas beaucoup de mémoire. Il y a des moments surtout où la mémoire lui manque complètement. Le patron chez lequel il était employé lui donnait quelquefois des courses à faire, et en route, il oubliait l’objet de sa course. Quelquefois même il se surprend ne sachant plus faire son ouvrage habituel. Quand il lit, il lui arrive souvent d’être distrait et de ne plus savoir ce qu’il lit, Autrefois il aimait beaucoup la lecture ; mais depuis deux ou trois mois, il ne peut plus lire. Il ne se rappelle pas si, dans certains moments, il lui arrive d’avoir des accès de folie et de déraisonner. Il prétend être somnambule pendant la nuit. Souvent, en travaillant, il surgit dans son esprit des idées tristes tout à coup. Il a eu fréquemment des idées de suicide ; depuis deux ans et demi, il lui prend souvent l’idée de se jeter à l’eau, quand il passe sur les ponts. Ces envies de se tuer surviennent tout à coup, dit-il, sans qu’il sache pourquoi. Dans ces moments-là, il veut mourir, sans se sentir triste ou malheureux. Son père est mort le 21 février dernier. Quatre jours avant la mort de son père, il avait cherché à s’empoisonner avec un narcotique. Il est resté alors trois jours enfermé dans une chambre, sans en sortir. Il dit n’être pas colère habituellement et n’avoir jamais rien brisé. Il lui arrive très souvent de quitter brus-