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un bruit confus que par des sons articulés, et qu’elles ne laissent distinguer, en tout cas, au malade aucune parole dont il ait à se plaindre.

Cette phase de bien-être dure habituellement de douze à quinze jours ; elle fait place ensuite à la phase contraire, qui précède la période d’accès épileptiques, à laquelle elle succède à son tour.

Les facultés intellectuelles n’ont pas encore subi, chez M. G…, un affaiblissement proportionné à la durée de l’affection épileptique, mais le caractère devient de plus en plus susceptible et irritable.

2oLes accès de délire ont lieu dans l’intervalle des accès convulsifs,
chez des individus reconnus comme épileptiques
.

Les exemples de délire survenant dans les intervalles et à une certaine distance des accès épileptiques sont beaucoup plus rares que ceux qui succèdent plus ou moins directement aux attaques. Certains auteurs sont même disposés à les considérer comme tout à fait exceptionnels ; ils pensent que, dans la plupart des cas de ce genre, des vertiges ou des attaques nocturnes précèdent de peu de temps l’explosion du délire, lequel semble naître spontanément, mais est en réalité consécutif à des accès épileptiques restés ignorés. Nous sommes très enclin nous-même à adopter cette manière de voir, dans un certain nombre de cas ; néanmoins, nous croyons à la production spontanée du délire chez des épileptiques qui, depuis quelque temps déjà, sont exempts de petites ou de grandes attaques.

Nous ne pouvons citer ici un grand nombre de faits à l’appui de cette proposition ; nous nous contenterons d’en rapporter quelques-uns. Nous invoquerons d’abord le témoignage du Dr Delasiauve[1] qui s’exprime ainsi, à l’occasion d’un accès maniaque se produisant à une grande distance des accès d’épilepsie :

« Tel est, dit-il, le cas de Br…, l’un de nos malades, sujet à un délire violent, pendant lequel il devient insolent, querelleur, porté aux injures, à la fureur, aux voies de fait. L’épilepsie ne sévit chez lui que tous les deux ou trois mois. On inclinerait d’autant plus

  1. Delasiauve, Traité de l’épilepsie, page 152.