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Les faits qui précèdent suffiront comme exemples d’accès de délire survenant avant ou après les attaques épileptiques, et liés étroitement avec elles.

Plusieurs auteurs mentionnent en outre quelques cas dans lesquels le délire se produit tout à la fois avant et après les accès convulsifs ; Cavalier et Guillermin en citent plusieurs exemples.

Nous nous bornerons à rapporter ici une observation très curieuse sous ce rapport, qui nous a été fournie également par le Dr Billod, et dans laquelle les accès d’épilepsie sont toujours précédés d’un état mélancolique et suivis d’un état maniaque.

Voici cette observation :

Observation VII. — M. G…, ecclésiastique, âgé de cinquante-quatre ans, d’un tempérament nervoso-sanguin, d’une constitution ordinaire, épileptique depuis près de vingt ans, entré à l’asile le 10 novembre 1855, offre l’exemple remarquable d’un état de folie en quelque sorte circulaire, consécutif à l’épilepsie.

M. G…, dont on ne sait à quelle cause attribuer l’affection (les circonstances de masturbation, d’excès de toute sorte, d’hérédité, de frayeur et de chagrin, étant écartées de source certaine), M. G…, dis-je, présente en moyenne, par mois, une période de deux ou trois accès épileptiques complets. Chacune de ces périodes est précédée, huit ou dix jours à l’avance, d’un délire mélancolique, avec conceptions délirantes de persécution et hallucinations de l’ouïe ; elles portent le malade à se plaindre incessamment du bruit qui se fait autour de lui et le trouble dans ses exercices de piété, et à récriminer contre le caractère outrageant pour la morale et la religion des paroles qu’il croit entendre.

À la suite des accès épileptiques, après une période de stupeur et d’hébétude qui dure un ou deux jours, M. G… entre dans une phase de bien-être et de satisfaction indicible. Il parle sans cesse de sa guérison, dont il tient à annoncer l’heureuse nouvelle à son évêque et à sa famille ; il donne, pour preuve de la force morale qu’il vient de recouvrer, le fait de pouvoir, sans en être troublé, se livrer à ses exercices de piété au milieu de tout le bruit qui se fait autour de lui. Les hallucinations de l’ouïe persistent dans cette phase mentale ; mais je me suis convaincu qu’elles se traduisent plutôt par