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remarquait qu’une légère constipation. On n’a observé aucun phénomène critique, au moment où le calme commençait à renaître. La tranquillité revenait très promptement ; la disparition de la fureur était presque aussi rapide que son invasion.

Une fois l’accès passé, il n’avait conservé aucun souvenir de ce qui lui était arrivé pendant sa fureur ; il était étonné en entendant le récit de ses actes de violence.

Ces accès de fureur ont été assez rares ; ils survenaient particulièrement à la suite des attaques répétées dans un court espace de temps. Il n’a guère eu cette fureur que de 1843 à 1846. Après cette époque, les accès ont perdu de leur intensité et de leur fréquence, tandis que la démence faisait des progrès. D’un autre côté, la dyspnée intermittente devenait plus grave, et elle finit même par amener la mort, le 25 juin 1850 ; il était alors âgé d’environ soixante-cinq ans.

Le Dr Billod, médecin directeur de l’asile des aliénés de Sainte-Gemmes, près Angers, me communique l’observation suivante. Elle est relative à un malade qu’il a observé attentivement depuis cinq ans, et qui, depuis cette époque, a toujours présenté régulièrement des accès maniaques à la suite de ses accès d’épilepsie :

Observation VI. — M. L…, ancien notaire, âgé de quarante-neuf ans, d’un tempérament nervoso-sanguin, d’une haute stature et d’une vigoureuse constitution, entre à l’asile le 16 janvier 1856, pour y être traité d’une affection cérébrale qui paraît reconnaître pour cause des excès de toutes sortes, mais particulièrement vénériens.

Bien que les renseignements qui nous ont été fournis au moment de l’admission n’aient pas fait mention d’épilepsie, les intermissions signalées dans les manifestations du délire, de même que le degré d’exaltation et de fureur qui accompagnait ce même délire, et auquel succédaient un état de prostration morale extrême et une irritabilité toute spéciale du caractère, ne nous laissèrent aucun doute sur la nature primitivement épileptique de l’affection.

À des intervalles qui varient entre un et trois mois, et dont le terme moyen paraît être de six semaines, M. L… éprouve les accidents ci-après, dont l’évolution depuis cinq ans nous a paru à peu près invariable.