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Observation IV. — Joachim H…, vingt-neuf ans, a été épileptique dès l’âge de six ans. Depuis l’âge de la puberté, la maladie s’est aggravée, et dernièrement elle survenait une fois toutes les trois semaines. Il restait longtemps sans se relever des suites de ses attaques. Il était atteint de douleurs de tête et de vertiges, et manifestait une grande aversion pour la nourriture, sans être toutefois ni furieux ni aliéné.

Dans le mois de juillet 1826, il eut une attaque ; dans le cours des trois jours suivants, il en eut plusieurs autres, paraissant dans l’intervalle tout à fait sans conscience, et refusant toute nourriture.

Le troisième jour, il se leva de son lit, descendit dans la cour, où il rencontra le fils de son frère, âgé de dix ans, et la fille d’un de ses parents, à laquelle il était attaché, âgée de onze ans. Le petit garçon lui demanda s’il ne désirait pas manger. Le malade ne répondit pas, mais le frappa ; les enfants s’enfuirent ; il les poursuivit, s’empara de la jeune fille, la renversa, et, prenant une hachette qui se trouvait par terre, il lui fractura le crâne en plusieurs endroits, lorsque les voisins accoururent, et, après une résistance considérable, parvinrent à le dominer.

Il resta tranquille jusqu’au moment où l’on se prépara à le conduire chez le magistrat. Alors il se laissa aller à des expressions de haine violente envers ses concitoyens de la ville. En prison, il resta pendant deux jours dans un état d’absence de conscience, ne prit aucune nourriture, et eut un accès d’épilepsie. Le troisième jour, la raison revint ; il exprima quelque intérêt pour ses amis, se plaignit amèrement de ses souffrances ; mais n’avait aucun souvenir de ce qui était arrivé[1].

J’emprunte au Dr Cavalier[2] l’observation suivante, comme exemple très caractérisé de fureur épileptique de longue durée, succédant, après un court intervalle, à des accès répétés d’épilepsie :

Observation V. — A… était un ancien militaire, d’un tempérament sanguin, bien constitué, mais affaibli par une maladie

  1. Extrait de Jahn, in Henke’s Zeischrift für die Staats Arzneikunde, t. IV, p. 282 ; 1827.
  2. Cavalier, thèse, page 43.