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quelques heures ou même quelques jours après les accès convulsifs, sont très nombreuses ; il n’est pas d’asile d’aliénés qui n’en présente plusieurs exemples. Dans ces cas, l’accès d’épilepsie est presque toujours suivi d’une période plus ou moins prolongée d’hébétude ou de torpeur. C’est ordinairement après cette période de torpeur (qui peut durer depuis un quart d’heure jusqu’à plusieurs heures, ou même plusieurs jours) qu’éclate l’accès de délire. Celui-ci a une durée qui peut varier entre vingt-quatre heures et douze ou quinze jours au plus ; mais le plus souvent, il ne se prolonge guère au delà de trois ou quatre jours. Pour donner une idée exacte des symptômes et de la marche habituelle des accès de délire consécutifs aux attaques d’épilepsie, nous allons rapporter ici quatre observations, qui nous paraissent suffisantes pour faire connaître les principales variétés de marche et de durée que l’on peut observer dans les cas de ce genre.

Le fait suivant est extrêmement curieux non seulement comme type de fureur épileptique, mais à cause des circonstances exceptionnelles au milieu desquelles cet accès de délire s’est produit.

Observation III. — François L…, vingt ans, cordonnier, était, depuis un grand nombre d’années, sujet à des attaques d’épilepsie. Elles avaient commencé par suite d’une chute sur la glace. Les accès, qui d’abord n’étaient suivis que d’une très légère aberration de la raison, devinrent plus sérieux et furent accompagnés de manie furieuse.

Il avait servi dans le 5e régiment d’infanterie légère, de 1838 à 1841, et, lorsqu’il sortit du service, il reprit son commerce. Lorsqu’il avait des attaques pendant cette période, il saisissait son marteau, son couteau ou tout autre instrument qu’il avait sous la main, et le brandissait d’une manière menaçante, de façon à s’attirer les railleries de ses camarades.

Lorsqu’il fut hors du service, il retourna chez lui et se décida à se marier. La cérémonie avec sa fiancée fut fixée au 26 octobre 1841.

Le 24, un mal de tête très intense survint, et lui parut à lui-même un indice de l’imminence d’une attaque. Il appela un médecin qui l’avait traité anciennement pour cette maladie et lui demanda de le