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qu’une transformation, nous sommes beaucoup plus disposé à adopter le principe posé par Morel. Nous croyons qu’il aura rendu un service réel à la médecine mentale, en insistant plus que tout autre sur la liaison qui existe, dans un certain nombre de cas, entre certaines formes de maladies mentales et les névroses qui en ont été l’origine et le véritable point de départ.

Nous pensons que Morel a accompli un progrès incontestable, en étudiant avec soin la transformation progressive ou rapide de ces trois névroses en trois formes distinctes de maladies mentales, dont les caractères spéciaux rappellent et permettent de deviner l’existence antérieure de ces affections dont elles ne sont qu’une période ultérieure ou une manifestation différente.

Mais, si nous admettons sans réserve le principe posé par Morel, relativement à la folie épileptique par exemple (qui nous paraît avoir des caractères propres que nous avons nous-mêmes cherché à décrire) nous devons faire une restriction relativement aux folies hystériques et hypocondriaques. Elles nous paraissent également susceptibles d’une description spéciale, mais Morel nous semble avoir étendu cette description à un nombre de faits beaucoup trop considérable pour qu’elle puisse s’appliquer avec vérité à chacun d’eux. Son chapitre sur la folie hystérique (qui contient un grand nombre de traits spéciaux tout à fait caractéristiques, dont l’observation ultérieure démontrera, selon nous, l’exacte vérité) a l’inconvénient grave de comprendre en même temps beaucoup d’autres symptômes qui n’appartiennent pas en propre à cette forme ; il en résulte que sa description de la folie hystérique est plutôt le tableau de la folie chez la femme que celui d’une espèce tout à fait distincte de maladie mentale.

Nous en dirons autant de la folie hypocondriaque, telle que l’a conçue et décrite Morel. Sa description offre bien un cachet spécial dépendant de la névrose hypocondriaque, mais souvent aussi elle s’applique à la mélancolie en général, et surtout au délire de persécution, plutôt qu’à une espèce particulière de maladie mentale en rapport avec l’hypocondrie.

Pour le groupe des folies par intoxication, nous n’avons aucune réserve à faire. Nous croyons, comme Morel, qu’au lieu de confondre sous les noms de maniaques, de mélancoliques (avec ou