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eût perdu toute précision et n’eût acquis qu’une vague généralité.

Mais cette distinction, utile pour la vérité de l’observation et pour la pratique, ne doit pas faire perdre de vue les nombreuses analogies qui existent entre ces deux variétés de la folie épileptique, et qui dénotent entre elles une véritable communauté d’origine.

Dans les deux cas, en effet, la maladie se produit sous forme d’accès, d’une durée relativement courte, si on les compare à la plupart des autres espèces de maladies mentales. Ces deux formes du délire épileptique ont l’une et l’autre une explosion rapide ; elles ont pour caractère commun, pendant leur cours, la violence et l’instantanéité des actes auxquels se livrent les malades, ainsi que la nature pénible ou effrayante des conceptions délirantes et des hallucinations qui les dominent. Enfin, dans le petit mal, comme dans le grand mal, on constate une cessation des accès aussi brusque que l’a été leur invasion, un oubli partiel ou total de leurs divers détails après leur disparition, et un retour à peu près complet, dans leurs intervalles, à un état de raison relative qui contraste singulièrement avec le trouble très étendu qui a existé pendant leur durée.

Non seulement les deux formes du délire épileptique offrent entre elles les points de contact que nous venons de signaler, mais on observe en outre, soit chez le même individu, soit chez divers malades, de nombreux états intermédiaires, qui tendent à démontrer qu’il n’existe, en réalité, entre ces deux variétés de la folie épileptique, qu’une simple différence de degré. Ces états intermédiaires, variables en durée et en intensité, représentent comme une série non interrompue de faits qui permet de passer, par transitions insensibles, et sans ligne de démarcation tranchée, du simple obscurcissement passager de l’intelligence, sorte d’étourdissement intellectuel, jusqu’à l’agitation maniaque la plus violente et à la fureur la plus incoercible.

Un dernier point de contact entre les deux espèces du délire épileptique réside dans l’alternance que l’on constate fréquemment entre elles chez le même malade, et dans les relations qu’elles ont l’une et l’autre avec les deux formes de l’épilepsie connues sous les noms de vertiges et de grandes attaques.

Ces caractères communs à toutes les variétés de trouble mental observées chez les épileptiques, dans le petit mal comme dans le grand mal, sont importants à connaître pour la pathologie mentale,