Relativement à la classe des folies idiopathiques, nous exprimerons d’abord la pensée que ce mot peut avoir, comme l’a fait remarquer M. Delasiauve, des significations différentes ; que pour Morel, il paraît vouloir désigner une forme de maladie mentale ayant son siège dans le cerveau, par opposition à la folie sympathique, et présentant des lésions anatomiques appréciables. Dans ce cas, nous reprocherons à Morel, ou bien de n’avoir compris dans cette catégorie que la paralysie générale, et alors de ne pas l’avoir constituée nettement comme forme tout à fait distincte ; ou bien d’avoir eu en vue, sous le nom vague de folies idiopathiques, toutes les variétés de maladies encéphaliques avec lésions, observées dans les asiles d’aliénés (comme l’a fait M. Calmeil)[1] et alors de n’avoir pas soigneusement distingué la paralysie générale, comme forme spéciale, de toutes les autres affections cérébrales, avec lesquelles elle ne doit sous aucun prétexte rester confondue.
Relativement à la classe des folies sympathiques, l’école somatique allemande, et en particulier le célèbre Jacobi, ont voulu la généraliser au point d’y rattacher presque toutes les espèces de maladies mentales ; elles ne sont, le plus souvent, à leurs yeux, qu’un délire symptomatique lié aux maladies des organes autres que le cerveau. D’un autre côté, la plupart des auteurs français ont considéré la folie sympathique comme n’ayant aucune réalité scientifique ; ils en ont même nié l’existence. Morel, se tenant entre ces deux extrêmes, a voulu en faire une espèce distincte, quel que fût l’organe malade qui donnait naissance à la maladie mentale. Ceci nous paraît un fâcheux procédé, destiné à confondre dans une même classe des états très différents les uns des autres. De plus, il eût fallu commencer non seulement par démontrer la fréquence assez grande de ces faits pour légitimer la création d’une forme spéciale, mais même leur existence, que, dans la discussion provoquée par le travail intéressant de notre collègue, M. Loiseau, la Société médico-psychologique n’a pu établir avec une entière certitude.
Pour les formes appartenant à la troisième classe de Morel, qui reposent sur l’existence antérieure d’une névrose épileptique, hystérique ou hypocondriaque, dont la maladie mentale ne serait
- ↑ Calmeil, Traité des maladies inflammatoires du cerveau ; Paris, 1859.