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Ils oublient les choses les plus élémentaires, passent leur temps dans l’inaction, ou errent ça et là, sans but et sans direction, et ils constatent eux-mêmes le vague et la confusion qui existent dans leurs idées. On voit, en même temps, se développer chez eux les plus fâcheuses tendances et les plus mauvais penchants : ils deviennent taquins, menteurs, voleurs ; ils cherchent querelle à tous ceux qui les entourent, se plaignent de tout et de tous, s’irritent avec une grande facilité pour les plus légers prétextes, et se portent même fréquemment à des actes violents instantanés, le plus souvent sans provocation aucune de la part de ceux qui en sont les victimes.

L’intermittence dans les phénomènes psychiques, soit dans l’ordre des sentiments et du caractère, soit dans celui des facultés intellectuelles, est donc le trait dominant du caractère des épileptiques ; c’est la loi générale qui règle tous les phénomènes de cette affection, et qui imprime son cachet aussi bien aux symptômes moraux qu’aux symptômes physiques de cette maladie essentiellement périodique.

3oAccès de délire plus prolongés, méritant spécialement
le nom de folie épileptique
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Nous arrivons maintenant au sujet principal de ce mémoire, c’est-à-dire à la description de deux espèces de trouble intellectuel bien caractérisé, qui constituent de véritables accès de folie. Ils surviennent chez les épileptiques, à divers intervalles, d’une manière irrégulière, comme les attaques convulsives elles-mêmes. Ils sont tantôt en rapport direct avec ces attaques, tantôt au contraire ils peuvent se produire en dehors de leurs influences. Ces deux genres d’accès, trop souvent confondus dans une description commune, méritent d’être décrits séparément, malgré les ressemblances qu’ils présentent. Pour les distinguer nettement les uns des autres, nous leur donnerons un nom qui aura surtout l’avantage de rappeler l’analogie frappante qui existe entre ces deux formes du délire épileptique et les deux espèces d’attaques que tous les auteurs ont distinguées chez ces malades. Nous appellerons l’un le petit mal, et l’autre le grand mal, voulant indiquer par là la parenté étroite que l’on observe entre