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actuellement que les perturbations passagères qui, par suite de leur courte durée, doivent être considérées comme liées intimement aux attaques d’épilepsie et comme immédiatement sous leur dépendance.

Au lieu de consister dans l’hébétude et la confusion des idées, le trouble intellectuel peut revêtir tout à coup le caractère de la violence la plus grande ou de la simple excitation maniaque. Dans les asiles d’aliénés, on voit beaucoup d’épileptiques sortir brusquement de la torpeur qui termine leurs accès, pour se livrer instantanément à des actes de violence et de fureur qui les rendent, comme chacun sait, les plus dangereux de tous les aliénés. On ne peut, sans en avoir été témoin, se faire une idée exacte de l’espèce de rage qui s’empare alors subitement de ces malades, et qui les porte à frapper ou à briser indistinctement tous les objets qui tombent sous leurs mains. Dans ces accès de fureur passagère, ils deviennent tellement redoutables pour ceux qui les entourent et pour eux-mêmes, qu’on ne saurait trop attirer l’attention de l’autorité et des médecins sur ces états de violence instinctive et aveugle, que tous les auteurs ont signalés comme succédant fréquemment aux accès d’épilepsie. Ces accès de violence peuvent entraîner à leur suite les blessures les plus graves, le suicide, l’homicide et l’incendie, sans que l’individu qui en est atteint puisse être considéré comme responsable, à un degré quelconque, des actes violents commis par lui au milieu de ce délire tout à fait automatique, quoique de courte durée.

Dans d’autres circonstances, le trouble intellectuel temporaire, qui succède aux attaques d’épilepsie, ne se manifeste pas sous cette forme de violence instinctive et aveugle, mais sous celle d’une excitation maniaque simple, plus ou moins prononcée. Le malade parle alors constamment et d’une manière incohérente ; il s’agite en tous sens et se livre à des mouvements plus désordonnés encore que violents. Il est même quelquefois dominé par des idées délirantes empreintes de satisfaction, qui alternent rapidement chez lui avec des conceptions de nature triste, ou avec des hallucinations terrifiantes, surtout de la vue. Mais ce délire maniaque temporaire consiste plutôt dans la succession rapide de pensées incohérentes et dans un grand désordre des actes, que dans leur extrême violence, qui se rencontre au contraire chez les malades dont nous parlions précédemment. Nous n’avons pas à insister, en ce moment, sur les