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et les grandes attaques convulsives, les malades n’éprouvent également que des mouvements convulsifs partiels, tels que contractions involontaires de certains muscles de la face ou des membres, mouvements automatiques de déglutition, action de mâchonnement, etc. Ces attaques sont donc incomplètes sous le rapport des troubles des mouvements, comme sous celui de la perte de connaissance. Après la cessation des accès, quelques-uns de ces malades ont conservé un souvenir plus ou moins vague des idées qui les préoccupaient pendant leur durée ; ils ont déclaré qu’ils étaient alors comme sous le coup d’un rêve pénible, dans un état de profonde souffrance morale, et dominés par le sentiment vague d’un violent remords de conscience, ou d’un malheur insurmontable, dont ils ne pouvaient parvenir à découvrir les motifs[1].

Les perturbations psychiques qui se produisent à la suite des attaques d’épilepsie ont beaucoup plus d’importance que celles que nous venons d’indiquer rapidement comme précédant ou accompagnant ces attaques.

Les individus qui viennent d’avoir un accès d’épilepsie sont habituellement, pendant un espace de temps qui varie de quelques minutes à quelques heures, dans un état d’engourdissement moral, de demi-hébétude plus ou moins prononcé selon les individus, mais qui existe chez presque tous à un certain degré. Ils éprouvent de la difficulté à coordonner leurs idées et à se rendre compte des choses et des personnes qui les entourent ; ils ont la compréhension lente et difficile, la mémoire incertaine. Souvent même, pendant plusieurs heures, ils sont tristes, abattus, et dans un état de demi-stupeur ou d’obtusion des idées. Mais, indépendamment de cette torpeur physique et morale, qui est habituelle après de fortes attaques épileptiques, il est d’autres perturbations plus profondes de l’intelligence et du caractère, qui surviennent assez fréquemment à la suite de ces attaques. Nous ne voulons pas encore parler des accès caractérisés d’aliénation mentale, qui se produisent souvent dans ces conditions, et sur lesquels nous insisterons tout à l’heure ; nous ne signalerons

  1. Voir Cheyne, Cyclopedia of practical med., t. II, art. Epilepsy. Voir aussi le fait d’Idées encore présentes à la mémoire, à la suite d’un accès d’épilepsie, publié par Nasse (Journal d’anthropolpgie, t. I, p. 190 ; 1825). Voir encore Griesinger, Traité des maladies mentales ; Tubingen, 1845.