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1oTroubles intellectuels passagers des épileptiques avant,
pendant et après leur accès
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Les attaques convulsives de l’épilepsie surviennent le plus souvent d’une manière subite, sans être annoncées par aucun symptôme, soit physique, soit moral, qui puisse en faire prévoir l’apparition prochaine. Mais il n’en est pas toujours ainsi. De même que divers troubles physiques peuvent précéder l’épilepsie, de quelques minutes ou de quelques heures, par exemple divers genres de malaise, la céphalalgie, les vomissements, des douleurs variées, ou bien les symptômes sensitifs ou musculaires auxquels on a donné le nom générique d’aura epileptica ; de même aussi les accès convulsifs de l’épilepsie peuvent être précédés, soit immédiatement, soit pendant un temps plus ou moins long, de différentes perturbations de l’esprit ou du caractère. Ainsi, par exemple, certains épileptiques deviennent tristes, maussades, irritables, querelleurs, souvent plusieurs heures avant leurs accès. D’autres éprouvent de la lenteur dans les conceptions, de l’affaiblissement dans la mémoire, de l’obtusion dans les idées, une sorte d’hébétude ou de prostration physique et morale qui, pour les personnes habituées à vivre avec eux, ou pour ces malades eux-mêmes, sont un présage certain de l’approche de l’accès. D’autres enfin manifestent, plusieurs heures avant l’accès épileptique, une gaieté insolite, un sentiment de bien-être physique et moral exagéré, une confiance extrême dans leurs forces, quelquefois même un état de mobilité et de loquacité qui peut aller jusqu’à l’excitation maniaque ou à des emportements violents.

Indépendamment de ces symptômes précurseurs, qui peuvent survenir à une distance plus ou moins éloignée de l’accès épileptique, il est d’autres prodromes intellectuels plus immédiats, sorte d’aura intellectuelle, qui ne devancent l’accès convulsif que de quelques minutes et qui en constituent en quelque sorte le premier symptôme. On voit, par exemple, des épileptiques chez lesquels la même idée, le même souvenir ou la même hallucination, surgissent spontanément au moment de l’invasion de chaque accès, et précèdent infailliblement son apparition. Le malade voit des flammes, des cercles de feu,