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Enfin on a signalé, comme complication fréquente de l’épilepsie, les accès de manie avec fureur, qui succèdent aux accès épileptiques ou alternent avec eux, et qui portent ces malades aux actes les plus violents, souvent même les plus dangereux. Là se borne à peu près ce qui est généralement admis par tous les médecins relativement aux perturbations mentales de l’épilepsie. À l’exception de quelques auteurs qui ont étudié avec plus de soin les caractères particuliers du délire épileptique[1], on ne trouve, dans la plupart des ouvrages écrits sur cette maladie, que les propositions générales que nous venons d’énoncer rapidement.

Sous le rapport de la médecine légale, la question de la responsabilité des épileptiques est encore très controversée. Lorsqu’un acte violent, justiciable des tribunaux, a été commis par un épileptique, les magistrats regardent tout au plus cette maladie comme une circonstance atténuante en faveur de l’accusé. Ils le condamnent très souvent comme criminel, dans la pensée qu’il était sain d’esprit au moment de l’accomplissement de l’acte, et que la maladie convulsive ne peut être considérée comme une cause suffisante pour enrayer la liberté morale. On veut bien reconnaître quelquefois l’irresponsabilité, lorsque l’acte incriminé a eu lieu à une époque très rapprochée de l’attaque épileptique, soit avant, soit après ; mais il n’en est plus de même lorsqu’il s’est produit dans l’intervalle des attaques. Tout ce que les médecins légistes ont pu obtenir sous ce rapport a été de fixer l’espace de trois jours, avant ou après les accès, comme la limite extrême de l’irresponsabilité des épileptiques.

D’après ces indications sommaires, on voit que, soit au point de vue de la description scientifique, soit sous le rapport de la médecine légale, l’état mental des épileptiques est entièrement subordonné aux attaques convulsives, dont il est considéré comme une simple complication accidentelle. Or, cet état mental mérite qu’on lui accorde une plus grande importance. Il doit être étudié indépendamment des attaques convulsives, qui peuvent bien déterminer sa production,

  1. Cavalier, De la fureur épileptique ; thèse de Montpellier, 1850. — Morel, Études cliniques sur les maladies mentales, t. II ; 1853. — Morel, Traité des maladies mentales, 1860. — Delasiauve, Traité de l’épilepsie, 1854. — Aubanel, Rapport médico-légal sur le nommé Maurin (Annales médico-psychologiques, 1856). — Guillermin, De la Manie épileptique ; thèse de Paris, 1857.