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tômes en rapport avec la spécialité des causes productrices des maladies ; ce qu’il a appelé méthode étiologique, ce qu’il eût peut-être mieux fait d’appeler méthode pathogénique, parce qu’elle a plutôt pour but de remonter à l’origine première des maladies mentales, de suivre leur évolution successive, leurs transformations et leurs terminaisons, que de les mettre en rapport avec la spécialité des causes occasionnelles, comme le nom de méthode étiologique pourrait le faire supposer.

Nous ne pouvons, comme Morel et Buchez, poser en principe que la pathogénie, ou l’étiologie, sont la base la meilleure d’une classification des maladies mentales, par ce motif que la cause est l’élément le plus important à considérer dans l’histoire des maladies, celui qui doit dominer tous les autres, et auquel ils doivent être nécessairement subordonnés.

Nous pensons que, dans les méthodes naturelles, il n’existe pas de hiérarchie absolue de caractères ; que, comme dans la pathologie ordinaire, tantôt la lésion, tantôt la cause, et tantôt les symptômes, doivent être pris en considération, selon les cas ; que l’observation seule des divers groupes de faits peut donner cette subordination des caractères, variables pour chacun d’eux, et qu’on ne peut l’établir de prime abord, d’une manière uniforme applicable à tous. Cependant, nous croyons que, dans un certain nombre de cas, l’élément cause doit jouer un rôle principal, et qu’il a été beaucoup trop négligé dans notre spécialité ; nous devons, par conséquent, remercier Morel de lui avoir restitué, même en l’exagérant, une importance qu’il avait perdue.

Nous ne pouvons examiner ici avec détail chacune des catégories établies par Morel. Ce n’est pas, du reste, le but que nous nous proposons. Nous nous bornerons à dire quelques mots de chacune de ses divisions.

En commençant par la dernière, nous dirons qu’admettre la démence comme espèce distincte, alors qu’on a eu pour but d’établir des formes basées sur la marche des maladies (comprenant, par conséquent, l’histoire de ces formes depuis leur début jusqu’à leur terminaison) nous paraît être une contradiction avec le principe que l’on a adopté. Aussi Morel, arrivé à ce chapitre, n’a-t-il consacré que deux pages à la description de la démence.