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ÉTAT MENTAL DES ÉPILEPTIQUES[1]

— 1860 —

L’épilepsie est une maladie cérébrale qui entraîne fréquemment à sa suite des troubles intellectuels. Tous les auteurs qui ont écrit sur cette affection, depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, ont signalé ce fait important dans son histoire. On en est même venu aujourd’hui à admettre que tous les épileptiques, sans exception, présentent, à un certain degré, des perturbations de l’intelligence ou du caractère, et qu’aucun d’eux ne peut être considéré comme absolument sain d’esprit. Cette opinion est évidemment exagérée ; elle compte néanmoins des partisans très convaincus, et cette exagération même prouve tout à la fois la fréquence des lésions intellectuelles chez les épileptiques et l’intérêt que peut présenter leur étude.

Les principaux résultats auxquels on est arrivé jusqu’à présent, relativement aux troubles intellectuels de l’épilepsie, peuvent se résumer dans quelques propositions générales. Indépendamment des troubles passagers qui précèdent, accompagnent ou suivent immédiatement les attaques, et qui en font en quelque sorte partie intégrante, la plupart des auteurs ont noté que les accès d’épilepsie fréquemment répétés, à intervalles très rapprochés, amènent peu à peu un affaiblissement intellectuel de plus en plus prononcé, et conduisent progressivement les malades qui en sont atteints à la démence et à l’idiotisme. On admet, en outre, que le caractère des épileptiques se modifie à la longue par suite de la répétition fréquente des attaques ; que ces malades deviennent irritables, colères, difficiles à vivre, et qu’ils présentent ainsi, dans leur manière d’être et dans leur conduite, des anomalies, des bizarreries, qui les rendent différents des autres hommes et de ce qu’ils étaient eux-mêmes autrefois.

  1. Archives de médecine, 1860 et 1861.