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prodromes immédiats ou éloignés des accès, et que l’on constate chez un si grand nombre d’épileptiques ? Comment comprendre enfin que des symptômes du même genre se produisent après les accès comme auparavant, si le cerveau ne jouait pas un rôle principal et prédominant dans toute attaque d’épilepsie ?

Mais la preuve la plus puissante, la plus irréfutable selon nous, en faveur de la thèse que nous soutenons, réside dans l’étude des lésions si fréquentes de l’intelligence chez les épileptiques. Plus on aura parcouru ce terrain, encore peu exploré, des relations nombreuses qui existent, chez beaucoup d’épileptiques, entre les troubles de l’intelligence et les troubles de la motilité ; plus on sera convaincu, comme nous le sommes nous-même, que la plupart de ces malades présentent, à diverses périodes de leur affection, des perturbations spéciales des facultés intellectuelles et affectives ; que ces phénomènes caractérisent la maladie au même degré que les mouvements convulsifs et la perte de connaissance ; qu’ils alternent avec ces symptômes, les remplacent, quelquefois même s’y substituent ; qu’ils ne sont que des manifestations différentes d’un même état morbide et qu’ils permettent d’en affirmer l’existence, même en l’absence des symptômes habituels de cette affection, plus on arrivera forcément à cette conclusion : que l’épilepsie est une maladie essentiellement cérébrale ; que dans le cas même où la physiologie moderne démontrerait la nécessité de faire intervenir la moelle allongée, pour expliquer, par son action réflexe, la production des mouvements convulsifs, cette intervention ne pourrait être que très secondaire, et devrait toujours être subordonnée à la maladie du cerveau, ainsi qu’on l’admet du reste pour les autres affections de l’encéphale, qui s’accompagnent également de mouvements convulsifs, sans qu’on ait jamais songé à en placer le siège dans la moelle allongée.