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opération quelconque, ou même une simple ligature, pratiquées sur le membre porteur de la lésion, avaient suffi pour suspendre ou même pour guérir complètement des accès d’épilepsie. Nous sommes loin certainement de nier ces faits exceptionnels, rapportés par des auteurs sérieux, dans tous les pays et à toutes les époques de l’histoire de la médecine. Mais, si l’on abandonne le domaine de l’histoire pour se transporter sur le terrain de l’observation actuelle, combien trouverait-on d’exemples bien constatés d’épilepsie sympathique, dont le point de départ périphérique fût rigoureusement démontré ? Combien de cas où l’existence de l’aura epileptica, sous une forme ou sous une autre, puisse être regardée comme une preuve certaine du lieu d’origine de l’accès, au lieu d’être envisagée, ainsi que nous le croyons, comme un simple retentissement de la lésion centrale sur les extrémités, ou comme un symptôme prodromique des attaques ? Combien enfin pourrait-on citer d’exemples authentiques de guérison d’épilepsie, obtenues à l’aide d’opérations chirurgicales, pratiquées sur la partie qu’on suppose être le véritable point de départ de l’accès ? Et c’est sur des faits aussi exceptionnels, souvent aussi contestables, que les auteurs dont nous parlons veulent faire reposer une théorie générale de l’épilepsie ! C’est en se basant sur les cas les plus rares qu’ils prétendent expliquer les faits habituels ! C’est en supposant une origine périphérique, dans les parties externes ou dans les organes intérieurs animés par le grand sympathique, lorsqu’ils ne peuvent avec certitude en démontrer l’existence, qu’ils prétendent déposséder le cerveau de sa suprématie comme cause première et principale des accès épileptiques !

Il est juste de dire, en effet, que les auteurs que nous analysons n’ont pas été jusqu’à refuser au cerveau proprement dit toute participation active dans l’accès d’épilepsie. Les faits auraient protesté trop fortement contre cette prétention, s’ils l’avaient manifestée ; mais ils ont assimilé complètement l’action du cerveau à celle des nerfs périphériques, soit du système cérébro-spinal, soit du système ganglionnaire ; ils ont soutenu que la moelle allongée étant le centre d’où partait réellement le paroxysme convulsif, il importait peu que l’impulsion première de cette action réflexe se trouvât dans les nerfs, dans le grand sympathique ou dans le cerveau. Ainsi donc, non seulement ils ont exagéré outre mesure la fréquence de l’origine