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véritable et unique de la perte de connaissance et des convulsions, à toutes les phases de l’attaque épileptique.

Nous ne pouvons entrer ici dans l’examen des preuves expérimentales et cliniques que chacun de ces physiologistes fait valoir à l’appui de l’opinion particulière qu’il défend.

Nous nous contenterons de leur faire une objection qui s’applique également à tous, et qui est relative à la cessation des attaques. Cette objection a déjà été posée en 1831, par Foville père[1]. S’adressant à ceux qui, dès cette époque, voulaient expliquer les accès d’épilepsie par la congestion générale de l’encéphale, sans spécifier aucune de ses parties ni le mode d’action particulier de la congestion, il leur posait cette question : Si la congestion cérébrale est la cause prochaine des attaques d’épilepsie, c’est-à-dire de la perte de connaissance et des convulsions, comment se fait-il que ces symptômes surviennent au moment où la congestion est moins intense, lorsqu’il y a par exemple pâleur de la face, et que d’un autre côté, ces deux phénomènes cessent brusquement, précisément lorsque les congestions artérielle et veineuse sont arrivées à leur summum ; en un mot, que l’épileptique reprenne tout à coup connaissance à l’instant même où l’asphyxie est à son comble ?

Les défenseurs de la théorie que nous combattons ont répondu à cette objection pour le début de l’attaque, en attribuant la perte de connaissance à l’anémie cérébrale et non à la congestion ; mais, pour la terminaison de l’accès, l’objection subsiste dans toute sa force. Quelle que soit en effet l’explication adoptée pour rendre compte des symptômes de la deuxième et de la troisième période, ces phénomènes sont attribués par les auteurs que nous venons de citer à un même fait, dont ils constatent tous l’existence, tout en différant sur son interprétation, à savoir : la stase veineuse et l’influence toxique du sang veineux sur les diverses parties de l’encéphale.

Eh bien, si la présence du sang veineux est la cause véritable de la perte de connaissance, à la période de coma, comment se fait-il que la connaissance reparaisse tout à coup chez les épileptiques alors que cette stase veineuse est arrivée à son plus haut degré d’intensité ?

  1. Foville, article Épilepsie du Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques ; Paris, 1831.