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Dans ces cas d’épilepsie incomplète, le malade commence par éprouver une sensation douloureuse, ou un spasme musculaire, dans une partie quelconque du corps ; cette sensation remonte rapidement jusqu’au cerveau. On constate d’abord quelques légères contractions dans les muscles de la face ; le malade pousse un cri ; sa gorge se resserre, sa respiration s’embarrasse ; il perd connaissance ; il tombe ; il est pris alors de convulsions générales, toniques, puis cloniques, et bientôt survient la période d’asphyxie, puis celle de torpeur. C’est en se basant sur des exemples de ce genre, dans lesquels le début de l’attaque est en quelque sorte décomposé naturellement dans ses divers éléments, qui se succèdent à courts intervalles au lieu de survenir brusquement et tous ensemble, que Marshall Hall a été conduit à proposer son interprétation du mécanisme de l’accès épileptique. Il a admis que le centre spinal (c’est-à-dire les parties blanches situées à la base de l’encéphale), recevant une impulsion sensitive provenant du système nerveux périphérique ou du cerveau lui-même, la réfléchissait immédiatement, par l’intermédiaire des nerfs qui en émergent, d’abord sur les muscles de la face et du cou, puis sur ceux de la poitrine ; que la contraction de ces muscles déterminait la gêne de la respiration, la stase sanguine dans le cerveau, et produisait ainsi indirectement la perte de connaissance et les convulsions générales. C’est pourquoi il a proposé comme moyen thérapeutique, non pas pour guérir l’épilepsie due à l’irritation de la moelle allongée, mais les conséquences graves de ses attaques, la trachéotomie. En ouvrant un large passage à l’air et en remédiant ainsi aux inconvénients de l’occlusion de la glotte, elle empêcherait, selon lui, la congestion veineuse dans le cerveau, partant la production des symptômes les plus graves de l’accès. Il n’a pas été difficile aux médecins qui ont examiné de près la théorie de Marshall Hall de démontrer que cette succession des phénomènes du début de l’accès, telle qu’il l’avait supposée, était absolument contraire à l’observation clinique ; que les succès peu nombreux, obtenus à l’aide de la trachéotomie dans quelques cas exceptionnels, ne pourraient se généraliser, attendu que l’on peut laisser un libre passage à l’air pendant la première période des accès épileptiques, sans empêcher l’accès de continuer, les symptômes principaux n’étant pas dus, comme il le croyait, à la stase sanguine dans le