Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/333

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

SECONDE PARTIE

Examen critique des théories physiologiques de l’épilepsie.

Après avoir résumé les idées communes et les divergences des auteurs qui ont voulu rendre compte de l’épilepsie par la lésion du pouvoir réflexe de la moelle allongée, il nous reste maintenant à examiner si ces physiologistes ont atteint le but qu’ils se sont proposé et s’ils ont établi sur des bases solides leurs théories nouvelles. Sont-ils parvenus à détrôner le cerveau, qui, depuis la plus haute antiquité, a été considéré comme le siège principal de l’épilepsie, pour mettre à sa place la moelle allongée ? Ont-ils réussi à expliquer, d’une part, le mécanisme de l’accès convulsif et l’ordre de succession de ses symptômes ; d’autre part, le mode de production de la maladie épileptique elle-même, et les lois qui président à l’évolution de ses divers phénomènes ? Telles sont les questions qu’il nous reste à examiner.

Les divergences nombreuses signalées entre les auteurs qui ont cherché à expliquer, par le pouvoir réflexe de la moelle allongée, le mécanisme de l’accès épileptique, doivent déjà faire réfléchir sur la valeur de ces explications, qui se combattent les unes par les autres. Les physiologistes, qui voudraient faire adopter cette théorie, devraient d’abord se mettre d’accord sur la manière dont ils comprennent la production d’un accès d’épilepsie et le mode de succession de ses symptômes. Or, comme nous l’avons déjà fait remarquer, il y a entre eux, sous ce rapport, des dissidences très importantes. Ils croient tous, il est vrai, que le pouvoir normal des parties situées à la base de l’encéphale est surexcité par la maladie épileptique ; que dans cette surexcitation anormale réside la cause prédisposante, ou, si l’on aime mieux, la cause prochaine de la maladie. Mais combien ils diffèrent lorsqu’il s’agit de rechercher dans quelles conditions cette surexcitation survient de préférence ; quelles sont les causes occasionnelles nécessaires pour la mettre en jeu et transformer cette prédisposition latente en cause active de mouvements convulsifs ! La faculté réflexe que possède la moelle allongée à l’état normal se compose de deux éléments distincts : l’aptitude à recevoir les impressions,