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ments convulsifs. Les expériences faites dans le même sens par Kussmaul et Tenner, physiologistes de Heidelberg, conduisirent leurs auteurs aux mêmes conclusions. Dans un travail très étendu, ces deux expérimentateurs attribuent à l’anémie du cerveau les convulsions de l’épilepsie[1] ; ils se basent principalement, pour soutenir leur opinion, sur les convulsions qui se produisent chez les animaux pendant l’hémorragie qui succède à l’ouverture des deux carotides.

Après les données de la physiologie humaine et les expériences faites sur les animaux, les auteurs dont nous parlons se sont encore appuyés sur des observations cliniques, consignées dans les annales de la science ou empruntées à leur propre pratique.

Ils ont cité des exemples nombreux d’épilepsie survenue à la suite de blessures, ou de lésions traumatiques variées, de diverses parties du corps ou de la tête, exemples réunis en grand nombre par certains auteurs sous le nom d’épilepsies périphériques. Ils en ont conclu que l’épilepsie n’avait pas sa cause première dans le système nerveux central, mais avait son véritable point de départ dans des lésions variées de diverses parties du corps, plus ou moins éloignées du cerveau. Cette conclusion paraît d’autant plus rationnelle, du moins dans certains cas, que quelques-unes de ces observations nous offrent une particularité bien remarquable : la cause périphérique de l’épilepsie une fois connue, on est parvenu dans quelques cas à guérir la maladie en supprimant cette cause, en amputant l’organe, ou même simplement en appliquant une ligature sur le membre porteur de la lésion. Schrœder Van der Kolk cite un exemple très curieux sous ce rapport. C’est celui d’une jeune fille qui, devenue épileptique à la suite de l’introduction d’un morceau de verre dans la paume de la main, fut radicalement guérie, au bout de plusieurs années, par la simple extirpation de ce morceau de verre, qui était la cause véritable de sa maladie.

Ces auteurs se sont basés également sur les faits assez nombreux d’épilepsie dans lesquels on observe, au début de l’attaque, une aura

  1. A. Kussmaul und A. Tenner, Untersuchungen über Ursprung und Wesen der fallsüchtigen Zuckungen bei der Verblutung sowie der fallsucht ueberhaupt, in Moleschott’s Untersuschungen zur Naturlehre des Menschen ; Heidelberg, 1858.